jeudi 24 avril 2014

Prix d'excellence en enseignement de l'Université d'Ottawa





Lors de la remise des prix de la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa cet après-midi, j’ai eu le bonheur de recevoir le prix « d’Excellence en enseignement ». 

Avant de prendre la parole et de remercier mes parents qui pour la circonstance avaient fait le voyage à Ottawa, le vice-doyen des études du premier cycle, Andrew Taylor, m’a présenté avec un court texte fort élogieux :

« Professeur au Département de communication de l’Université d’Ottawa, directeur du Laboratoire de recherche en communication marketing financé par le Groupe Cossette et membre de l’Observatoire des médias sociaux en relations publiques (OMSRP), Luc Dupont est un spécialiste des questions touchant les médias, la publicité et l’internet. »

« Professeur dans l’âme, Monsieur Dupont maîtrise tout autant l’enseignement magistral et théorique que l’enseignement pratique. Véritable encyclopédie de la publicité et des communications, Monsieur Dupont se caractérise par son enthousiasme, son dynamisme, sa rigueur, ses talents de communicateur et ses habiletés pédagogiques. »

« Luc Dupont est un expert réputé en publicité et en relations publiques, deux domaines qu’il a grandement contribué à développer à l’Université d’Ottawa par ses enseignements, ses supervisions d’étudiants à la maîtrise ou ses services à la communauté universitaire. »

« Qui plus est, le professeur Dupont est l’auteur de cinq livres sur la communication et le marketing qui ont été traduits en anglais, en espagnol, en mandarin (chinois), en russe, en tchèque, en vietnamien et en coréen. »

« En 2004, Luc Dupont a aussi remporté le Prix du recteur pour services rendus à l'Université d’Ottawa par les relations médiatiques et communautaires. »

Ce prix me touche particulièrement parce qu’il me vient de mes étudiants et de mes collègues de travail. 
 
Merci donc aux étudiants et ex-étudiants qui ont appuyé ma candidature. Parmi ceux-ci : Annick Desforges, Alexandre Dubé, Alexandre Boileau, Gabrielle Madé, Ben Paradis et Vincent Lamontagne. Un gros merci également aux collègues de travail : Isaac Nahon-Serfaty, Marc-François Bernier, Pierre Bélanger et Jenepher Lennox Terrion.

jeudi 17 avril 2014

CNBC fête son 25e anniversaire




La chaîne d’information financière CNBC fête aujourd’hui son 25e anniversaire de fondation. C’est un exploit remarquable quand on considère qu’à l’origine, CNBC éprouvait des difficultés à séduire les principaux câblodistributeurs américains qui la trouvaient « trop spécialisée. »

Connue à l’origine sous le nom de « Consumer News and Business Channel », la chaîne financière en continu CNBC connaît un développement important lorsqu’elle fait l’acquisition de sa rivale FNN pour un montant de 154.3 millions $ en 1991.

Cette acquisition permet à CNBC de rejoindre instantanément 40 millions de foyers aux États-Unis. Dans ce contexte et pour refléter la nouvelle personnalité de la marque, le logo original de CNBC utilisé de 1989 à 1991 fait place pour un temps à la combinaison CNBC/FNN. 



En 1997, CNBC adopte comme emblème un paon et uniquement les lettres d’appels « CNBC » comme signature de la station.

En 1995, CNBC devient la première chaîne de télévision à émettre directement du parquet de la bourse de New York, le NYSE. C’est Maria Bartiromo, surnommée affectueusement « Money Honey », qui assure l’animation en direct du plancher de la NYSE.

Mark Haines, célèbre pour avoir annoncé un revirement de tendance clé lors de la crise des subprimes, anime pour la première fois « Squawk Box » en 1995.

En 2005, Jim Cramer devient l’animateur de l’émission « Mad Money » présentée à l’heure du souper.

Fort de son succès en Amérique du Nord, CNBC lance une station sœur CNBC en Asie, puis en Europe, avant d’étendre son influence en Amérique latine et en Afrique.

En septembre 2008, CNBC obtient sa plus grande cote d’écoute à vie : 726 000 téléspectateurs.

En 2008, en pleine crise financière, CNBC obtient à nouveau des cotes d’écoute remarquables pour une station aussi ciblée.

Cela dit, il faut savoir que la firme de sondage Nielsen ne tient pas compte des téléspectateurs au bureau et dans les chambres d’hôtel dans son évaluation des cotes d’écoute de CNBC. C’est ce qui fait dire aux dirigeants de la station financière que sa cote d’écoute globale est probablement plus élevée que ce qu’en disent les chiffres officiels.

Sans surprise, CNBC rejoint les téléspectateurs les plus nantis en Amérique. CNBC est donc une machine à imprimer des dollars publicitaires.

Aux dernières nouvelles, CNBC générait des revenus de 510 millions $ annuellement, ce qui en fait la 19e station de télévision par câble la plus rentable aux États-Unis avec une valeur au livre de 4 milliards $.

À l’échelle planétaire, CNBC rejoint potentiellement 390 millions de téléspectateurs contre 96 millions aux États-Unis.

CNBC est détenue par NBCUniversal Television Group, une division de NBC Universal.

lundi 14 avril 2014

Biographie de Jacques Bouchard - publicitaire



Les éditions Québec Amérique lançait récemment le livre Jacques Bouchard : le créateur de la publicité québécoise, écrit par Marie-Claude Ducas. Dans cette biographie d'une qualité rare, Madame Ducas se penche sur le parcours et la carrière du fondateur de BCP, l’initiateur du Publicité Club de Montréal (PCM), l’auteur du fameux livre « Les 36 cordes sensibles des Québécois » et le père de la publicité québécoise.

Au-delà du publicitaire et du communicateur hors pair, on découvre dans ce livre l’autre Jacques Bouchard : le sociologue, le psychologue, l'anthropologue et l’expert des médias ; un homme curieux doté d'une sensibilité exceptionnelle pour « ce qui marche » en communication persuasive.

À l'évidence, l'auteure de cette biographie nous présente un homme qui a profondément aimé sa profession. 

Jacques Bouchard, c’est l’homme de la pub et des slogans « Qu'est-ce qui fait chanter les p'tits Simard ? » avec René Simard (Laura Secord), « Mon bikini, ma brosse à dents » avec Dominique Michel (Air Canada), « Il fait beau dans le métro » (STCUM), « Lui, y connaît ça » avec Olivier Guimond (Labatt), « Dominion nous fait bien manger », avec Juliette Huot (Dominion), « Sico Sico par ci, Sico Sico par là ! » avec Jacques Thisdale (peinture Sico), « Pop-sac-à-vie-sau-sec-fi-copain » pour Desjardins, avec Marie-Josée Taillefer et « On est 12 012 pour assurer votre confort » pour Hydro-Québec.

Mais comme on le comprend rapidement en parcourant cette biographie, s’intéresser à Jacques Bouchard, c'est aussi s’intéresser au Québec des années 60 à 80, celui des mutations qui vont marquer cette société sur le plan culturel, politique et médiatique.

Visiblement, Jacques Bouchard est un séducteur, téméraire, confiant, mais aussi préoccupé par son image comme en font foi le choix de ses vêtements ou de sa voiture (une Rolls-Royce), sa table de billard à l’agence (avant que cela ne devienne une mode) ou son éventuel château en France.

À ce titre, l'auteure nous donne accès à l'envers du décor des campagnes publicitaires de BCP les plus célèbres, entre autres celles de Labatt, d'Air Canada ou du gouvernement du Canada. Madame Ducas se penche également sur la curieuse habitude qu’avait Bouchard de disparaître quelques jours avant un deadline important.

On apprend que dans le cadre de la célèbre campagne « On est 6 millions, faut se parler » trop souvent attribuée par mégarde à Jacques Bouchard, le fondateur de BCP n'hésite pas à mettre en compétition les directeurs artistiques de l'agence. 

Au final, il choisira non pas son concept mais celui de Raymond Marchand et de Robert Meloche qu'il juge meilleur que le sien. C'est le compositeur François Dompierre qui composera la ritournelle qui deviendra presque un hymne politique avec le temps.

En ce qui a trait à la campagne de Labatt mettant en vedette Olivier Guimond, on découvre avec surprise que l’idée du fameux pouce dans les airs n'originait pas d'un client dans une taverne comme le voulait la légende qu’a entretenue Bouchard toute sa vie, mais plutôt d’un simple brainstorming en agence.

À cet égard, l’ouvrage de Marie-Claude Ducas est fouillé et fort détaillé et se compare avantageusement aux biographies de Kenneth Roman sur David Ogilvy ou celui de Jeffrey Cruikshank et Arthur Schultz sur Albert Lasker.

L'auteure a interrogé des dizaines d'amis, d'ex-collègues et d’ex-flammes. On devine qu’elle a aussi parcouru plusieurs articles dans des magazines et des journaux d’époque en plus de visionner de vieilles émissions de télévision.

Jacques Bouchard est né à Montréal le 29 août 1930. Le père de Jacques Bouchard, Bernard, est barbier. À l'école, ses professeurs notent la facilité d'élocution de Bouchard et son don pour la littérature. Bouchard se plaira d’ailleurs à répéter toute sa vie que « tout s'apprend dans les livres. »

C'est au collège que Bouchard fait la connaissance de ce qu'il appelait affectueusement dans ses conférences publiques « sa maîtresse, la publicité. » À l'adolescence Jacques Bouchard travaillera pendant l'été comme stagiaire au journal Le Canada. En 1949, alors âgé de 19 ans, il commence à travailler comme traducteur d'annonces et ce, même s'il maîtrise peu l'anglais.

Pour parfaire ses connaissances de la publicité, il tombe sur un ouvrage intitulé Sa majesté la publicité, dont la publication remonte à 1901. « C'est le coup de foudre et sans surprise, Bouchard rêve de concevoir des messages originaux pour ses clients, s'éloigner de la traduction et faire de la publicité créée en français et pour les consommateurs francophones », écrit Marie-Claude Ducas.

En 1952, au Canada, apparaît un média qui bouleversera le paysage culturel : la télévision. Les premières émissions de télévision sont d'ailleurs des prolongements des émissions de radio. « Ce nouveau médium aura un impact profond sur Bouchard qui comprend son pouvoir de persuasion », note Madame Ducas.

Les brasseries sont parmi les premiers annonceurs et commanditaires de la télévision québécoise. Si les brasseries tirent rapidement avantage de ce nouveau média, les multinationales sont plus lentes à faire le saut. Quoiqu'il en soit, « l'avènement de la télévision fut le véritable point de départ de la publicité francophone », constate Madame Ducas.

Après avoir exercé le métier de traducteur d’annonces chez Vickers et Benson, Jacques Bouchard entre chez Steinberg en 1952 à titre de traducteurs et rédacteur publicitaire. Pour la première fois, il est en contact avec le commerce de détail. Il ne s'agit plus simplement de traduire des textes de l'anglais vers le français. Il doit maintenant trouver la meilleure façon de vendre cet épicier aux Québécois.

Par la suite, Bouchard travaille brièvement chez J. Walter Thompson avant de faire le saut chez Labatt. Chez ce brasseur de bière, Jacques Bouchard devient chef de la publicité, des relations publiques et de la promotion au Québec. Il contribue au célèbre concept du slogan « La 50, y a rien qui Labatt » qui fera concurrence à Dow et à Molson. 

Un événement malheureux va aider Labatt à augmenter ses parts de marché. À Québec, plusieurs buveurs de bière Dow décédèrent, victimes d'une étrange maladie, que l'on attribua à la bière Dow qui devient par association « la bière qui tue ». La part de marché de la « 50 » passe alors de 11 % du marché à 35 %.

Parallèlement, Jacques Bouchard initie les cours de publicité à l'UQAM et à l'Université de Montréal et il cherche à regrouper les forces vives de la publicité au Québec : agences, clients, médias. Il rêve de lancer le regroupement des publicitaires francophones. Ce regroupement prendra éventuellement le nom de Publicité Club.

Sans surprise, Bouchard mijote la création d'une agence de publicité. BCP publicité voit officiellement le jour à la toute fin de 1963 avec la complicité de Jean-Paul Champagne et Pierre Pelletier.

Pour frapper un grand coup, à l'automne 1964, les associés de BCP vont racheter les droits de diffusion pour les matchs de la Ligue canadienne de football (LCF). Mais rapidement, BCP se retrouve avec les droits de match que personne ne veut diffuser. BCP se ramasse alors avec une dette énorme et est menacée de faillite.

L'affaire des droits de la Ligue canadienne de football se rendra jusqu'au bureau du premier ministre et Jacques Bouchard passera très près de fermer boutique. « Mais sur le plan des relations publiques, mentionne Marie-Claude Ducas, il trouvera à exploiter cette histoire de football à cause de sa visibilité dans les médias. »

Jacques Bouchard se passionne également pour la communication politique. Dans le cadre de ses activités politiques, il travaillera de concert avec les stratèges libéraux sur plusieurs campagnes électorales distinctes destinées au Canada français, une première dans l’histoire du marketing politique canadien. Son coup de génie : il misera sur le charisme de Pierre-Elliott Trudeau en lançant la Trudeaumanie. 

Jacques Bouchard commence aussi une amitié avec Jean Drapeau. La réélection de ce dernier en 1966 aura d’ailleurs des conséquences importantes sur le développement de l'agence de publicité BCP en terme de contrats et de contacts.

À cet égard, tout au long de sa biographie, Marie-Claude Ducas décrit un Bouchard « original et curieux », soucieux d’alimenter sa visibilité et ses contacts en affaire comme en politique. À l’évidence, ses techniques de motivation sortent également de l'ordinaire, comme la participation de ses deux chiens dans la vidéo de bienvenue que les nouveaux employés de l'agence doivent visionner.

Avec les années, Jacques Bouchard multiplie les coups de circuits : Marie-Josée Taillefer pour Desjardins, Dominique Michel pour Air Canada, Juliette Huot pour Dominion,  René Simard pour les poudings Laura Secord, Midas avec Gilles Villeneuve, St-Hubert avec Juliette Béliveau et Willie Lamothe pour Labatt. C’est l’âge d’or de BCP et de Jacques Bouchard.

Conscient de la puissance du milieu artistique québécois, Jacques Bouchard n'hésitera pas à faire appel aux vedettes du petit écran (chanteurs, acteurs, comédiens, sportifs, etc.) toute sa vie durant. On devine que son passage chez J. Walter Thompson a certainement joué un rôle important dans le recours à cette technique.

Fort de son succès et de sa compréhension du marché québécois, Jacques Bouchard donne de multiples conférences avec des titres comme « Why French girls always say Yes » et publie une brochure intitulée The Twin Bed Marketing Techniques. Dans celles-ci, il expose les caractéristiques socioculturelles des Québécois, ce qui les différencie du reste du Canada, ce qu'il appellera plus simplement « la théorie des lits jumeaux ».

Parler de publicité, c’est s’intéresser aux contenus des messages, aux récepteurs (les Québécois) et à la culture populaire du moment, sorte d’antenne des aspirations du peuple. Pour faire sa démonstration, Bouchard cite en exemple les succès obtenus par ses campagnes de publicité. Il met aussi en garde les annonceurs contre les traductions et les adaptations.

Dans les faits, la recette de Bouchard repose sur cinq éléments centraux : compréhension de l’homo quebecus, slogan fort, recours aux enfants, aux vedettes et à la télévision.

« D'habitude, les campagnes de publicité consacrent 20 % du budget à la production des messages ; conscient de la puissance des porte-parole au Québec, Bouchard n'hésitera pas à consacrer 30 % de son budget pour signer des vedette », écrit Madame Ducas.

Dans les années 1970 Jacques Bouchard est plus populaire que jamais. En 1973, il est couronné lors d'un gala réunissant l'élite des affaires et du milieu artistique. Un an plus tard, BCP devient la plus importante agence au Canada. Les médias francophones et anglophones le considèrent alors comme une vedette et sa visibilité s’étend dans les médias grands publics comme TV Hebdos et Écho Vedettes.

Ceci dit, au-delà de son image de séducteur, on comprend entre les lignes de cette biographie que Bouchard pouvait se révéler particulièrement dur en affaires, comme en font foi quelques courts passages consacrés à François Duffar, ex-Cossette.

Dans le cadre de mes conférences sur la publicité, d’ex-collègues de Jacques Bouchard m’ont d’ailleurs raconté que l'auteur des 36 cordes sensibles pouvait être à ses heures exigeant, difficile, entêté et intransigeant. C’est un aspect peu développé dans ce livre.

Puisque nous parlons des 36 cordes sensibles, notons que l’auteure de cette biographie sur Jacques Bouchard consacre comme il se doit plusieurs pages à la parution de ce livre. 

À l'instar d'Ogilvy, Bouchard comprend intuitivement la nécessité de se donner une théorie ; un livre qui deviendra en quelque sorte son manifeste commercial. Rosser Reeves a sa USP ( «Unique SellingProposition » ou « Proposition de vente unique », en français), Ogilvy son image de marque, Bouchard aura ses 36 cordes sensibles.

Ce livre qui se vendra rapidement à 30 000 copies vaut à Jacques Bouchard diverses entrevues à la radio et à la télévision. Sans surprise, certaines cordes et racines ne feront pas l'unanimité, entre autres, la racine minoritaire.

Bouchard est fasciné par le concept de l'identité tribale. Il note que la masse québécoise a constamment besoin d'être revalorisée. Le complexe d’infériorité c'est aussi l'envie, l'étroitesse d'esprit et la peur des riches. Bouchard déclare d'ailleurs une guerre sans merci à cette corde.

En réalité, Jacques Bouchard rêve d'entrepreneurship chez les Québécois. Quelques décennies plus tard, force est de constater que cette question de la valorisation des entrepreneurs est toujours d’actualité. 

Dans les faits, il existe maintenant une version remaniée des 36 cordes sensibles et le débat fait toujours rage sur les 36 cordes. Plus récemment, Isabelle Poitras-Lefebvre, une étudiante gradée à la maîtrise en communication de l'Université Laval, a observé les traits culturels dans la publicité télévisée québécoise. Elle confirme que plusieurs traits culturels repris des essais de Jacques Bouchard se retrouvent dans la publicité actuelle.
 
Dans les années 70, Bouchard s'intéresse à la zoothérapie et à la publicité sociétale. Ainsi, il crée Sociétal, un regroupement de publicitaires bénévoles engagés dans la création de campagnes de publicité sociétale ou sociale, comme on dit plus communément aujourd'hui.  

Les années 80 voient apparaître une série de petites agences. Il n'en reste pas moins que la décennie des années 80 et 90 sera celle de Cossette qui va prendre lentement le dessus sur BCP. 

À l'origine, Cossette est une agence de graphistes qui va se faire remarquer pour ses publicités du Club Med, de Renault, de McDonald’s et de Bell. Cossette deviendra éventuellement l’incontournable des agences au Québec, puis au Canada.

Pour Jacques Bouchard, le temps est venu de tirer sa révérence. En 1984, il vend son agence de communication à Yves Gougoux, ce qui ne l’empêchera pas de rester actif dans le monde de la publicité. En effet, il sera à l'origine du premier mondial de la publicité francophone à Montréal en 1986-87.

Dans un monde publicitaire caractérisé par une vague des regroupements, BCP passe aux mains des Français au milieu des années 90. C'est l'époque des grands groupes : Omnicom, Publicis, etc.

En conclusion, Marie-Claude Ducas se penche sur le secret du succès de Jacques Bouchard. « La simplicité est le secret des grands communicateurs » rappelle-t-elle en citant Jacques Bouchard.

« Tout s’apprend dans les livres », avait l’habitude de dire Jacques Bouchard. J'aurais envie d’ajouter que pour tout apprendre sur Jacques Bouchard, le livre de Marie-Claude Ducas est désormais la référence incontournable, un ouvrage exceptionnel, détaillé, fouillé. À ma grande surprise, j'y ai même découvert que Bouchard détenait une maîtrise consacrée à la publicité sociétale.

En ce qui me concerne, jamais je n’oublierai mon premier contact avec Jacques Bouchard. J’étais alors étudiant au Département de communication et d’information de l’Université Laval. Nous sommes au milieu des années 80. L’un de mes professeurs, Jacques De Guise, avait invité Jacques Bouchard à venir nous parler de publicité et des 36 cordes sensibles.

Accompagné de mon ami Raymond Boisvert, j’ai assisté à cette conférence confortablement assis à la première rangée. Au milieu de sa conférence, Bouchard a abordé l’impact des couleurs sur le consommateur.

Après avoir fait la nomenclature des impacts de la couleur en marketing, il a pointé un participant dans la salle et il a dit : « Vous voyez cet étudiant qui est venu assister à ma conférence. Il porte un chandail jaune lumière. Visiblement, il est certainement heureux, énergique et content d’écouter mes propos sur la publicité. » Je vous laisse deviner l’identité de cet étudiant. Pour ma part, j’étais désormais mordu de pub.

samedi 5 avril 2014

Le problème avec les sondages en campagne électorale


En répartissant les discrets à la proportionnelle dans chacun des sondages de la présente campagne, les sondeurs commettent probablement un impair.

L’expérience passée est pourtant riche d’enseignement. À une exception près (l’élection de 2003 au Québec), un pourcentage significatif de discret votera au final pour le parti Libéral : autour de 50 %, parfois davantage. C’est sans compter la tendance des anglophones et des allophones discrets à voter massivement pour le Parti libéral au Québec.

(Dans le cas des deux référendums québécois, cette marge est encore plus importante : jusqu’à 75 % des discrets voteront au final pour le camp du NON.)

Tout au long de cette campagne et de la précédente, la professeure Claire Durand(1) du département de sociologie de l’Université de Montréal a mis en garde ses lecteurs contre le danger de la répartition proportionnelle des discrets dans son blogue et dans cet article publiés sur le site LaPresse.com.

Comme le rappelle Pierre Drouilly, sociologue électoral à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) : « Lorsqu'on effectue un sondage, il y a toujours une proportion non négligeable de gens qui refusent de répondre à certaines questions. »

« L'analyse des sondages montre, de manière récurrente, que le profil socio-démographique des répondants discrets n'est pas le même que celui des répondants qui expriment leurs intentions de vote. »

« On retrouve plus de répondants discrets parmi les femmes, les personnes âgées, les personnes faiblement scolarisées, celles ayant des bas revenus, en milieu rural plus qu'en milieu urbain, et parfois parmi les non-francophones. Or tous ces groupes ont en général tendance à appuyer plus fortement les partis politiques fédéralistes. »Or, dans la présente campagne, ces trois groupes cibles (femmes, gens âgés de 65 ans+ et non francophone) favorisent le parti Libéral selon la maison de sondages Léger (voir diapositive à la page 6).

« C'est le même phénomène, souvent appelé «prime de l'urne», qui fait que, dans toutes les consultations électorales depuis 1970 sauf une, le Parti libéral obtient davantage, le jour du vote, que ce que les derniers sondages précédant le vote lui attribuent par cette méthode de répartition proportionnelle. » (2)

D’ailleurs, comme l'indique Daniel Leblanc, journaliste à l’Actualité, c’est grâce à un modèle élaboré par le sociologue et sondeur Pierre Drouilly que le Bloc Québécois a compris qu’une véritable hécatombe se dessinait pour le parti souverainiste fédéral lors de l’élection de 2011 au Canada. (3)

En espérant que les résultats de la présente élection confirmeront les décisions prises par les sondeurs – répartir proportionnellement les sondés. C’est dans l’intérêt de tous les partis, des maisons de sondages et des électeurs. 

Sources :
(1) Par ailleurs, Claire Durand ne fait pas confiance aux enquêtes internet. « On peut penser que les électeurs libéraux, plus âgés, sont sous-représentés de deux ou trois points dans ces échantillons », disait-elle en entrevue à Denis Lessard du quotidien La Presse le 25 février dernier.
(2) Pierre Drouilly, « Sondages: le PLQ est en meilleure posture qu'il n'y paraît », Le Devoir, 6 mars 2007, p. a7.
(3) Daniel Leblanc, « Les dernières heures d’un chef », L’Actualité, 15 juin 2011, p. 28.

vendredi 4 avril 2014

Paul Lavoie reçoit le Prix Hommage AAPQ 2014

Paul Lavoie, président et cofondateur de l’agence TAXI, a reçu hier soir le Prix Hommage AAPQ 2014, remis par l’Association des agences de publicité du Québec, qui vient couronner la carrière exceptionnelle de ce visionnaire. 

Cette distinction, qui souligne chaque année la contribution et le parcours professionnel exceptionnels d’une personne de l’industrie des communications marketing a été remis à l’occasion du gala des prix Créa, organisé par les éditions Infopresse à la Place des Arts de Montréal.

Le jury a choisi de remettre le Prix Hommage AAPQ à Paul Lavoie pour l’audace et la créativité avec lesquelles il a mené l’ensemble de sa carrière et l’agence TAXI, une agence fondée au Québec. Le jury souhaitait notamment souligner le rayonnement international de son travail et sa vision unique de l’industrie de la communication marketing. 


« Paul Lavoie, dont la vision unique a alimenté le succès de plusieurs campagnes d’ici comme d’ailleurs, est un éminent ambassadeur de la publicité québécoise à l’international. Il est une source d’inspiration pour la relève de notre industrie », renchérit Dominique Villeneuve, directrice générale de l’AAPQ. 

Conférencier reconnu, Paul Lavoie a présidé de nombreux jurys prestigieux, dont celui du Festival international de la créativité de Cannes et les London Advertising Awards. Il a de plus présidé le plus ancien club de publicité du monde, l’Art Director Club (ADC) à New York et siège toujours sur le conseil consultatif.
 

Avant de démarrer TAXI en 1992, Paul Lavoie a travaillé pour diverses agences québécoises à titre de directeur artistique, puis de directeur de la création. Reconnu pour sa pensée créative, il défie le statuquo et ose là où d’autres hésitent ce qui lui a permis de se démarquer dans l’industrie.
 

L’agence TAXI, cofondée par Paul Lavoie et Jane Hope, est reconnue pour son expertise et sa créativité. Récompensée du prix de l’Agence de la décennie au Canada décerné par le magazine Strategy en 2010, TAXI compte maintenant six bureaux au Canada et aux États-Unis. L’agence a été finaliste ou lauréate du Prix de l’agence de l’année 19 fois depuis sa création il y a 20 ans. 

Auteur d’un livre proposant l’utilisation du doute comme levier de changement, Paul Lavoie a figuré en 2006 dans la liste des 50 esprits créatifs les plus influents dressée par Creativity Magazine aux États-Unis.

10 commandements politiques en campagne électorale



En cette fin de campagne électorale au Québec, je fais le bilan image et marketing politique avec Benoît Dutrizac de l’émission Dutrizac, présentée au FM98,5. Je m’intéresse, entre autres, aux stratégies des trois principaux partis : positionnement, image, publicité, débats, etc.

Pour le meilleur et pour le pire, les partis politiques ont maintenant recours aux services de professionnels de l'image et de la communication. Comme je le mentionne en entrevue, voici mes 10 commandements politiques en campagne électorale : 

1. Axez votre campagne sur un thème central
Exploitez la différence qui distingue votre parti de ses concurrents et le fera préférer le jour du scrutin.  

2. Soignez vos relations avec la presse
La presse et le petit écran jouent un rôle dans la dynamique du vote.  


3. Évaluez votre image et corrigez le tir au besoin
L'image en politique fait fois de tout. 


4. Occupez le Web
Le Web (sites, médias sociaux, sites de réseautage, etc.) jouent un rôle important dans les campagnes électorales.  


5. Faites de la pub
La publicité permet aux partis de s’adresser directement aux électeurs sans passer par le filtre des journalistes. Ce faisant, la publicité politique avec ses slogans, ses affiches et ses spots TV contribue à façonner l'image que nous avons de chacun des chefs.  


6. Préparez-vous sérieusement au débat des chefs
Depuis quelque temps, le débat constitue souvent la pièce de résistance de la plupart des campagnes politiques.  


7. Concentrez-vous sur les indécis
Dans une lutte à trois comme c'est le cas dans la présente campagne, la différence entre une victoire et une défaite réside dans la capacité qu'a un chef de parti de séduire les mous et les indécis.  


8. Faites des promesses
Malgré ce qu'on pourrait penser, les études révèlent que les discours et les déclarations politiques qui obtiennent les meilleurs résultats sont encore ceux qui promettent des avantages aux électeurs.  


9. Simplifiez à l'excès
N'expliquez pas pourquoi il faut parfois attendre à l'urgence, efforcez-vous plutôt de donner l'image de celui qui est le plus apte à comprendre et à résoudre le problème. Il ne faut pas stimuler la pensée de l'électeur ; il faut l'assister.  


10. Gardez l'oeil ouvert sur les sondages
En répartissant les discrets à la proportionnelle dans chacun des sondages de cette campagne, les sondeurs commettent un impair important.


Pour écouter l’entrevue, cliquer ici.