Lorsque Benetton commence à faire de la publicité dans les années 60, sa communication publicitaire ne différencie pas ce fabricant de chandails de la compétition. En d’autres mots, l’image de marque de Benetton est inexistante.
Sous l'impulsion d'Oliviero Toscani, dans les années 80 et 90 (dans les faits, 1982 à 2000), l’image de Benetton effectue un virage remarquable. Comme je le mentionne à Benoît Dutrizac en entrevue, on passe du « bon produit gentil » en 1982 au produit qui « brasse et remet tout en question : religion, sexe et politique» avec, par exemple, la campagne ci-dessous. Pour la petite histoire, ces campagnes permettront à Benetton de multiplier ses ventes par 20 en 18 ans.
Malheureusement, avec le temps, Toscani s’essoufle et s’éloigne de son concept premier (le multiculturalisme) pour embrasser des thèmes plus délicats comme la peine de mort. À la fin des années 90, sa campagne sur les couloirs de la mort aux États-Unis dérange de nombreux distributeurs des produits Benetton. Pour un, Sears cesse de vendre les chandails de la firme italienne. En outre, l'état du Missouri poursuit Benetton invoquant l'atteinte à son image. Au coeur de la tempête, en 2000, Toscani annonce qu'il cessera de travailler avec le groupe Benetton.
Onze ans plus tard, s’inspirant de la sauce originale qui a fait son succès, Benetton et ses 6000 magasins dans 120 pays lancent aujourd’hui à travers le monde une nouvelle campagne publicitaire Unhate qui n’est pas sans rappeler le génie et l’approche Toscani des bonnes années : images chocs, concepts épurés et messages universels.
Les divers concepts qui risquent de faire jaser un peu partout sur la planète (un autre élément fondamental de la stratégie initiale de Toscani) mettent en vedette Barack Obama, Hugo Chavez, Nicholas Sarkozy, Angela Merkel, Benjamin Netanyahu, Mahmoud Abbas, le Pape et Ahmed al-Tayeb. Voici, selon moi, les trois meilleurs messages de la série :
La méthode Toscani se résume à quelques éléments simples. Si vous voulez capter l’attention des consommateurs, construisez des panneaux affiches brefs et clairs. Épurez votre message et évacuez les choses inutiles.
Assurez-vous qu’il y ait une bonne interaction entre l’image et les mots. Idéalement, utilisez un mot et une image.
Michel Valois, ex-directeur du développement des affaires de Mediacom, affirmait : « Pour qu’un message soit compréhensible en quelques secondes de visionnage, sa conception demande un important exercice de synthèse. Il ne doit livrer que l’essentiel, l’idée centrale. »
Pour faire face à l’avalanche de panneaux-affiches et de publicités, les gens ont pris l’habitude de sauter d’une image à une autre pour découvrir ce que vous leur offrez. Faites donc en sorte que votre image livre rapidement votre message.
Je partage l’opinion du publicitaire Henri Joannis: « Il faudra chercher à communiquer votre message non pas en l’exprimant verbalement, mais en le représentant; l’annonce la plus efficace sera celle qui requerra le moins possible de lecture pour être comprise. »