La Ultimate Fighting Championship (UFC) tiendra samedi soir au Centre
Bell un gala de combats extrêmes. Au menu, un duel mettant en vedette le
champion québécois Georges St-Pierre contre Carlos Condit.
Créée en 1993 à Denver, la UFC est devenue avec le
temps la plus importante organisation de combat libre au monde. Comme je le mentionne en entrevue à Benoît Dutrizac, elle doit en
partie sa popularité au talent de mise en marché de Dana White, ancien
professeur d’aérobie de Las Vegas devenu homme d’affaires, promoteur et actuel
président de la UFC.
En janvier 2001, White fait l’acquisition de la UFC
avec les gérants de casino Frank Fertitta III et Lorenzo Fertitta pour la modique
somme de 2 millions $.
À son arrivée, White revoit de fond en comble les façons de faire de la
UFC. Conscient des problèmes d’image de la ligue et désireux de mettre fin aux
poursuites à répétition qui entachent la réputation de la franchise, White choisit
de nettoyer le monde du combat extrême pour multiplier les occasions
d’affaires.
Pour ce faire, Dana White crée des catégories de pugilistes
(jusque là, un lutteur de 300 livres pouvait affronter un spécialiste du karaté
de 150 livres) ; il adopte le livre de règlements de la New Jersey
Athletic Control Board,
lequel interdit les coups derrière la tête ; et il développe le marché de la
télévision à la carte (pay-per-view, en anglais), s’inspirant en cela des
combats Ali-Frazier, premiers événements du genre à être diffusés à la
télévision payante.
De nos jours, grâce à un contrat avec HBO, la boxe
reste le sport de matelas le plus populaire en Amérique du nord, mais la durée
des combats, la forme de l’arène et la grosseur des gants en font un sport
ringard pour toute une génération de jeune gavée de sport extrême.
Quant à la lutte, on le sait maintenant, c’est un
spectacle arrangé, donc faux. En outre, les scandales de consommation de
stéroïdes, les décès de lutteurs et les excès de langage dans le ring et à la télévision ont fini
par nuire à l’image de la WWE.
Sans surprise, les revenus sont stables depuis
quelques années. En 2011, la WWE générait des revenus de l’ordre 480 millions
$.
En ce qui a trait à la UFC, son modèle d’affaires a
l’avantage de garantir des revenus constants grâce à la présentation de galas
d’art martiaux à la télévision payante – entre 12 et 16 soirées par an. Ces galas attirent jusqu’à 1,5
millions de clients.
Ceci dit, en terme de revenus totaux, la UFC reste le
3e sport de matelas derrière la boxe et la lutte. Elle peut
toutefois se targuer de générer autour de 170 millions $ par an à la télévision
payante et d’attirer des commanditaires de premier plan comme Bud Light et
Harley-Davidson.
Plus récemment, elle a aussi signé un contrat avec Fox
qui lui garantit un accès à la télévision généraliste et des revenus de 700
millions $ au total pour les sept prochaines années.
Mise au monde dans la tête du grand public par une
téléréalité, The Ultimate Fighter, présentée à l’antenne de Spike TV de 2005 à
2011, la UFC a donc réussi à se tailler une place au soleil. Mais les défis
restent entiers.