mercredi 13 février 2013

La croisière, une industrie en croissance



Au moment où nous apprenons que le calvaire des 4200 passagers et membres d‘équipage du paquebot Carnival Triumph tire à sa fin, il m’apparaît opportun de nous pencher sur l’industrie de la croisière, un business qui génère un chiffre d’affaires de 36 milliards $ annuellement sur la planète.  

L’industrie de la croisière est un oligopole dominé par trois joueurs clés : Carnival, Norwegian Cruise Line (NCL) et Royal Caribbean.

(Plus récemment, il faut ajouter à ce trio la firme Disney qui a fait l’acquisition de quatre paquebots afin de viser le marché des plus jeunes. En 2010, on estime que 1,6 million d’enfants ont fait une croisière avec papa ou maman).

Carnival, le Coca-Cola de la croisière, domine l’industrie avec 48 % du marché. Il est suivi par Royal Caribbean avec 23 % du marché. Royal Caribbean peut d’ailleurs se vanter d’avoir 7 des 10 paquebots les plus grands du monde dont l'Allure of the Seas et l'Oasis of the Seas (deux bateaux deux fois plus longs que le Titanic) qui contiennent jusqu'à 8500 personnes chacun.

La firme Norwegian Cruise Line ou NCL ferme la marche avec 8 % du marché. Les 23 autres membres de la Cruise Lines International Association (CLIA) se séparent les quelques parts de marché restantes.

Carnival, le propriétaire du Carnival Triumph, a été fondé par Ted Arison en 1972. La firme compte aujourd’hui 65 000 employés et opère sous 10 marques différentes, dont Carnival, Princess, Holland, Costa et Cunard.

Dans les faits, Ted Arison de Carnival et Knut Kloster de Norwegian Cruise Line sont à l’origine du marketing  qui caractérise la croisière moderne, un repositionnement fondé sur le loisir et le divertissement avec des casinos, des cinémas, de multiples restaurants et piscines, des magasins, etc.

Fait à noter, Arison et Kloster ont été des partenaires lors de la création de Norwegian Cruise Line avant de se séparer.

Au début des années 60, ces deux génies de l'industrie comprennent intuitivement qu’avec l’arrivée de l’avion à réacteur, la croisière transatlantique classique est un produit en voie de disparition.

Dans ce contexte, ils mettent au point la recette marketing du futur en croisière. Pour survivre, l'industrie de la croisière reposera dorénavant sur le divertissement, ce qu’Arison appellera les « Fun Ships » (
Carnival Triumph est un FUN ship) sur lesquels on retrouvera tantôt golf, patinoire, piste de jogging, carrousel, bars, salles de spectacles, gymnase, cinéma, librairie, piscine, spa, casino, terrain de basketball, etc.

Arison initiera aussi la publicité à la télévision en 1984, aidé en cela par l'émission de télévision Love Boat mettant en vedette un paquebot de Princess, une entreprise qui sera éventuellement acquise par Carnival.

Pour assurer un flot continu de clientèles et de revenus, Arison et Kloster comprennent qu'il faudra également démocratiser la croisière et s’assurer que la classe moyenne puisse monter à bord. Car une fois sur le bateau, tous les espoirs de dépenses sont évidemment permis...

En 2013, on estime que 20 millions de clients sillonneront les mers du globe sur un navire de croisière contre 8 millions en 2008.

Au dernière nouvelle, l'industrie croît au rythme de 7 % par an. Statistiquement, plus de 60 % de la clientèle est Américaine avec une moyenne d’âge de 48 ans et un salaire moyen de 109 000 $.

Bien sûr, il sera intéressant de voir si les problèmes du Carnival Triumph auront un impact sur le booking de croisière dans les prochains mois.

Dans le cas du naufrage du Costa Concordia, on sait maintenant que cet incident qui a coûté la vie à 32 passagers n’a pas eu d’impact à long terme sur l'industrie, mais qu’il a eu des effets à court terme sur le booking de croisières en Europe et chez les premiers utilisateurs/consommateurs de croisière.