Une nouvelle importante dans l’industrie des sondages TV est passée à peu près inaperçue au Québec, la semaine dernière.
En effet, un groupe issu des principales sociétés de médias et des annonceurs, aux États-Unis, parle de la création d'un consortium qui pourrait défier la firme de recherches et sondages Nielsen. Cette nouvelle entreprise spécialisée dans le mesure de cotes d’écoute de la télévision et des autres médias, anciens et nouveaux, pourrait voir le jour dès septembre.
Vendredi dernier, le Financial Times a annoncé que des entreprises médias (NBC, Time Warner, News Corp., Viacom, CBS Corp., Discovery et Disney) et des agences de communication-marketing se sont réunies afin d’évaluer la possibilité de créer une nouvelle maison de sondages. Fait à noter, le consortium a aussi réussi à attirer dans son giron des annonceurs majeurs tels Procter & Gamble, AT&T et Unilever.
Ce nouveau sondeur dont on ignore pour l’instant le nom, mettrait ainsi fin au monopole de Nielsen.
Cette nouvelle arrive à un moment charnière dans l’histoire des médias traditionnels. Depuis quelque temps, le monde des médias traverse une période particulièrement difficile. L'explosion de vidéos en ligne, la pub mobile et la création d'initiatives telles que Hulu et YouTube ont rendu la mesure d’auditoire intra-plateforme plus urgente.
Officiellement, les réseaux de télévision et les annonceurs à l’origine de ce projet se plaignent des cote d’écoute jugées trop basses. Ils croient que Nielsen sous-estime leur portée.
On reproche aussi à Nielsen certaines variations d’écoute soudaines. Par exemple, depuis sa création, l’indice Nielsen a connu deux déclins inattendus et inexplicables - en 1997 et en 2003. Dans les deux cas, le segment des jeunes hommes a connu de fortes variations d’écoute vers le bas sans raison valable. Les réseaux de télévision se sont plaints, mais Nielsen a toujours maintenu que ses chiffres étaient bons.
Rappelons que la mesure d'audience est la force vitale de l'industrie des médias électroniques. Environ 70 milliards $ US sont dépensés annuellement en publicité à la télévision aux États-Unis.
En radio, l'adoption du PPM d’Arbitron (voir billet à ce sujet), un nouveau système d'indice d'écoute, a entraîné des changements importants de cotes d’écoute pour plusieurs stations. Au Canada seulement, la publication des premiers sondages PPM a produit une série de changements dans l’industrie de la radio montréalaise.
Depuis quelque temps déjà, les différents médias traditionnels et les annonceurs demandent à Nielsen de concevoir une nouvelle plateforme afin de mesurer et de comparer les cotes d’écoute et de lectorat des différents médias, traditionnels et nouveaux. Pour un, les annonceurs ont besoin de cet outil fournissant de meilleur renseignement pour justifier leurs placements médias.
Depuis des décennies, Nielsen contrôle la mesure des audiences à la télévision aux États-Unis. Au quotidien, elle mesure 18 000 foyers.
Ce n’est pas la première fois que des géants des médias se réunissent pour développer une alternative à l'indice Nielsen. En 1998, Statistical Research a persuadé les réseaux et les plus grandes agences américaines de signer une lettre d'intention pour soutenir un nouveau système de mesure de cotes d’écoute mais la plupart d’entre eux ont reculé à la dernière minute.