lundi 18 novembre 2013

Georges Saint-Pierre : l'emblème de la UFC


L’annonce d’une possible retraite pour Georges Saint-Pierre (dans les faits, GSP a parlé d’une pause) n’est pas une bonne nouvelle pour la UFC. Il suffisait de voir la réaction d’après combat de Dana White, président de la UFC, réaction parfois condescendante, faut-il le dire, pour s’en convaincre.

Mettons les choses au clair : le modèle d’affaire de la UFC a besoin de Georges Saint-Pierre. C’est une question de bonne santé financière.

Mise au monde dans la tête du grand public par une téléréalité, The Ultimate Fighter, présentée à l’antenne de Spike TV de 2005 à 2011, la UFC a réussi à se tailler une place au soleil. Mais les défis restent entiers.

Le modèle d’affaires de la UFC repose principalement sur la présentation de galas d’arts martiaux à la télévision payante – entre 12 et 16 soirées par an. Évidemment, pour rentabiliser l’opération, il faut beaucoup de téléspectateurs payants.

Grâce à la présence de Georges Saint-Pierre, les galas de télévision à la carte (Pay Per View ou PPV, en anglais) de la UFC attirent près de 1 million d’abonnés. 

Sans GSP, ces galas présentés à la télévision payante (PPV) attirent moins de 400 000 clients. C’est dire l’importance de Georges Saint-Pierre pour la UFC.

Évidemment, quand Georges Saint-Pierre prend place dans l’octogone, la UFC vend plus de billets, plus de télévision à la carte, donc plus de commandites.

À 55 $ pièce pour visionner un gala, la différence entre une présence et une absence de Georges Saint-Pierre est de l’ordre d'environ 30 millions $ de revenus  supplémentaires pour la UFC !

Pour ses sacrifices physiques et psychologiques (on parle peut-être ici d'une centaine de commotions en carrière selon un expert), Georges Saint-Pierre a reçu 9 millions $ par an pour ses deux derniers combats – donc autour de 4,5 millions $ par combat – selon le magazine Forbes.

S’ajoute à cela des bonis de présence (200 000 $), de victoire (200 000 $) et une somme de 3 millions $ pour la douzaine de commanditaires de GSP :  Gatorade, Under-Armour, NOS (Coca-Cola), Bacardi, 888poker, Electronic Arts, TouchFit (application), etc.

En outre, GSP tire des revenus de la vente de son livre et de la publicité, pensons à son message avec Google, par exemple.

Georges Saint-Pierre engrange donc des revenus de 12 millions $ par an. (À titre de comparaison, Anderson Silva a déjà fait 500 000 $ pour porter le logo de Burger King durant un combat en 2012.)

Armé de ses 3,5 millions de fans sur facebook, d’un portefeuille garni et d’une présence dans le prochain film Captain America qui sera lancé en 2014 (il jouera le rôle de Batroc the Leaper, un vilain), le temps est peut-être venu pour Saint-Pierre de songer à l’après carrière.

Malheureusement pour la UFC, comme je le mentionne en entrevue à Benoît Dutrizac, les combattants charismatiques à la Georges St-Pierre se font rares.

Un coup d’œil à la conférence d’avant-match de la UFC en disait long sur les défis de la UFC à ce chapitre : Chael Sonnen qui tombe endormi lorsqu’un reporter de TVA ou de RDS pose une question en français (quel manque de classe !), Johny Hendricks qui fait à peu près la même chose au moment où Saint-Pierre prend la parole. Ce n'était pas beau à voir.

Pour envahir avec succès les marchés étrangers – dont le Mexique – les combattants de la UFC vont devoir s’ajuster culturellement et s’inspirer d’un GSP. Un modèle à suivre.

Pour en savoir plus :
Histoire de la UFC - entrevue sur les origines