L’annonce d’une possible retraite pour Georges Saint-Pierre (dans les faits, GSP a parlé d’une pause) n’est pas une bonne nouvelle pour la UFC. Il suffisait de voir la réaction d’après combat de Dana White, président de la UFC, réaction parfois condescendante, faut-il le dire, pour s’en convaincre.
Mettons les
choses au clair : le modèle d’affaire de la UFC a besoin de Georges
Saint-Pierre. C’est une question de bonne santé financière.
Mise au monde dans la tête du grand public par une téléréalité, The
Ultimate Fighter, présentée à l’antenne de Spike TV de 2005 à 2011, la UFC
a réussi à se tailler une place au soleil. Mais les défis restent entiers.
Le modèle d’affaires de la UFC repose principalement sur
la présentation de galas d’arts martiaux à la télévision payante – entre
12 et 16 soirées par an. Évidemment, pour rentabiliser l’opération, il faut
beaucoup de téléspectateurs payants.
Grâce à la présence de Georges Saint-Pierre, les galas de télévision à
la carte (Pay Per View ou PPV, en anglais) de la UFC attirent près de 1
million d’abonnés.
Sans GSP, ces galas présentés à la télévision payante (PPV)
attirent moins de 400 000 clients. C’est dire l’importance de Georges
Saint-Pierre pour la UFC.
Évidemment, quand Georges Saint-Pierre prend place dans l’octogone, la
UFC vend plus de billets, plus de télévision à la carte, donc plus de
commandites.
À 55 $ pièce pour visionner un gala, la différence
entre une présence et une absence de Georges Saint-Pierre est de l’ordre d'environ 30
millions $ de revenus supplémentaires pour la UFC !
Pour ses
sacrifices physiques et psychologiques (on parle peut-être ici d'une centaine de commotions en carrière selon un expert), Georges Saint-Pierre a reçu 9 millions
$ par an pour ses deux derniers combats – donc autour de 4,5 millions $ par
combat – selon le magazine Forbes.
S’ajoute à
cela des bonis de présence (200 000 $), de victoire (200 000 $) et une somme de
3 millions $ pour la douzaine de commanditaires de GSP : Gatorade, Under-Armour, NOS (Coca-Cola),
Bacardi, 888poker, Electronic Arts, TouchFit (application), etc.
En outre,
GSP tire des revenus de la vente de son livre et de la publicité, pensons à son
message avec Google, par exemple.
Georges
Saint-Pierre engrange donc des revenus de 12 millions $ par an. (À titre de
comparaison, Anderson Silva a déjà fait 500 000 $ pour porter le logo de Burger
King durant un combat en 2012.)
Armé de ses
3,5 millions de fans sur facebook, d’un portefeuille garni et d’une présence
dans le prochain film Captain America qui sera lancé en 2014 (il jouera le rôle
de Batroc the Leaper, un vilain), le temps est peut-être venu pour Saint-Pierre de songer à l’après
carrière.
Malheureusement pour la UFC, comme je le mentionne en entrevue à Benoît Dutrizac, les combattants
charismatiques à la Georges St-Pierre se font rares.
Un coup d’œil à la conférence d’avant-match de la UFC
en disait long sur les défis de la UFC à ce chapitre : Chael Sonnen qui
tombe endormi lorsqu’un reporter de TVA ou de RDS pose une question en français
(quel manque de classe !), Johny Hendricks qui fait à peu près la même chose au
moment où Saint-Pierre prend la parole. Ce n'était pas beau à voir.
Pour en savoir plus :
Histoire de la UFC - entrevue sur les origines