lundi 23 juillet 2012

Est-ce que c'est plus difficile pour une femme d’être en politique ?


À l'aube d'une campagne électorale qui promet d'être enlevante, après les contestations du leadership de Madame Pauline Marois à la tête du Parti Québécois, les sondages, les démissions et les déclarations chocs de plusieurs membres de son caucus, je crois que la question se pose (même si c’est toujours délicat)  : est-ce que c’est plus difficile d’être en politique pour une femme que pour un homme ?

Pour répondre à cette question d’actualité, je puise dans le mémoire de maîtrise de l’une de mes étudiantes en communication de l’Université d’Ottawa, Caroline Dauphinais. En 2010, cette étudiante brillante s’est posé cette question d'actualité en se penchant plus particulièrement sur le rôle du sexe des candidats en marketing politique : perception, image, couverture médias, etc. 

Dans un premier temps, Madame Dauphinais a identifié les études universitaires existantes sur le marketing politique au féminin. Par la suite, dans son mémoire intitulé « Le marketing politique au féminin », elle a analysé le contenu des documents colligés en fonction des 4 P du modèle « marketing-mix » élaboré par Jerome McCarthy. Voici donc, en résumé, ce qu’elle a découvert* : 

Selon Dervuille et Pionchon (2005 : 78), « [il y a] aujourd’hui encore, dans l’esprit d’une majorité de citoyens et d’acteurs politiques des deux sexes, la prégnance de représentations sociales qui sont largement antagonistes avec l’engagement politique au féminin ».

Mosconi estime que les femmes évoluent en campagne sous un double standard, c’est-à-dire que les attentes de la société diffèrent en fonction du sexe du candidat/chef (Mosconi, 2004 : 3). Ces attentes différentes seraient organisées selon les stéréotypes reliés au sexe des politiciens.

Manon Tremblay, professeure à l'Université d'Ottawa, précise que l’électorat évalue les femmes et les hommes en politique en fonction de leurs traits de caractères et des stéréotypes constitutifs des genres féminins et masculins (2008 : 61). Ainsi, les hommes sont perçus comme étant « plus compétents en économie, dans les travaux publics, les affaires étrangères et militaires et dans la gestion des ressources naturelles » (Tremblay, 2008 : 62).

Du côté des politiciennes, elles sont perçues comme étant plus près de la population et compétentes dans les portefeuilles de l’éducation, la culture, les services à la communauté, les soins aux enfants, aux personnes âgées et aux handicapés. Madame Tremblay note également qu’il y a des « zones mitoyennes comme les communications, l’environnement, la justice et le tourisme » (2008 : 62).

Comment expliquer cet écart dans le rôle des uns et des autres ? Selon Lawless « les enjeux et les traits associés aux femmes sont liés au domaine traditionnel de la famille, alors que les expertises politiques et les caractéristiques associées aux hommes tendent à être visibles dans la sphère publique » (Lawless, 2004 : 480).

À cet égard, les politiciennes seraient donc dans une voie sans issue : « selon laquelle les candidates agressives et affirmées apparaissent comme non-féminines, et par conséquent, inacceptables en politique, mais celles qui assurent leur féminité sont jugées comme étant inefficaces » (Hitchon, Chang & Harris, 2001: 50)

Comme l'écrivait il y a quelque temps Vincent Marissal en parlant de Pauline Marois (et qui tend à confirmer les observations ci-dessus) : « J'ai toujours eu beaucoup de respect pour l'engagement de Mme Marois (qui ne l'a pas facile et qui pourrait fort bien vivre sans la politique) et j'ai souvent noté qu'on l'attaquait pour toutes sortes de mauvaises raisons (parce qu'elle est une femme, parce qu'elle est riche, parce qu'elle est trop élégante, parce qu'elle ne parle pas assez de souveraineté...)

Déjà à l’époque où elle tenait le rôle de la Première dame américaine, les critiques reprochaient à Hillary Clinton une image incohérente et un manque de personnalité. On se demandait qui était la vraie Hillary Clinton. Dans la presse, le tailleur-pantalon qu’elle portait jour après jour faisait même douter de sa capacité à tenir le rôle de présidente. 

En 2008, durant la course à la chefferie du Parti démocrate, on se souviendra qu'on a commenté abondamment sur le visage de Madame Clinton (est-ce qu'elle serait trop vieille pour être présidente ?) avant de s'intéresser aux larmes versées lors d'une rencontre avec ses suporteurs et les médias.

 En résumé, rappelle Caroline Dauphinais, il semble que les médias soient intéressés par la candidature des politiciennes essentiellement parce qu’elles font de bonnes histoires. 

« En cadrant les nouvelles d’après une logique basée sur la productivité, les médias reproduisent généralement les stéréotypes de genres et en s’appuyant sur cette logique de bon sens renforcent l’inclusion limitée des femmes dans la sphère publique » (Roncarolo, 2000 : 117). 

En d’autres mots, tout se passe comme si les politiciennes étaient mises sur un piédestal avant d’être rejetées. Accueil initial enthousiaste, puis rejet dans un deuxième temps. Parlez-en à Kim Campbell et Hilary Clinton...

 * Je tire ce texte directement du mémoire de Madame Dauphinais et je la remercie de m’autoriser à le faire.

jeudi 19 juillet 2012

L’histoire fascinante de Batman


À l'occasion du lancement du film The Dark Knight Rises mettant en vedette Christian Bale dans le rôle de Batman, il m’apparaît opportun de se pencher sur les origines du 2e personnage le plus populaire de l’histoire des comic books derrière Superman et devant Spiderman, selon IGN Top 100 Comic Book Heroes of All Time.

Comme je le mentionne en entrevue à Catherine Bachand du FM93, on retrouve dans le personnage de Batman, créé en 1939, des thèmes éternels (le personnage binaire, orphelin et costumé), des personnages archétypaux (le Joker, le Penguin, la Catwoman, le Sphinx, Mr Freeze), une ville maudite (Gotham City) et un faire-valoir ou sidekick, Robin, qui permit d’ailleurs à l’époque de doubler les ventes de bandes dessinées Batman en kiosque.

Pour maximiser les chances de réussite de ce super héros dont les ventes ont frisé le million de copies durant le golden age des comic books, Batman profite de la machine de DC Comics (et sa première incarnation National Publications), l’un des deux géants du comic books avec Marvel Comic.

L’efficacité du personnage repose aussi sur la personnalité de Batman, un personnage sombre qui aime tuer et accepte parfois de transgresser la loi pour s’attaquer au mal.

Enfin, on ne pourrait parler de Batman sans parler des gadgets de ce superhéros, entre autres, la batmobile, la batcoptère, les batmenottes et le batsignale.

À l’ère de la télévision naissante dans les années soixante, la série télévisée Batman – plus de 120 épisodes entre 1966 et 1968 sur la chaîne ABC – va contribuer à remettre au goût du jour le personnage de Batman.

Fait à signaler, le film de Batman lancé en 1984 repose davantage sur la psychologie des personnages imaginés par les créateurs originaux que sur le personnage de la série télévisée des années 60.

En outre, le film est lancé au moment où la franchise de Batman traverse sa plus importante crise : baisse de vente, rumeurs de fin de parution, assassinat puis renaissance de Robin, etc.

Pour tout savoir sur cet incontournable personnage de l'industrie des superhéros que nous devons à deux créateurs (Bob Kane et Bill Finger) et non à un seul comme on l'a cru pendant des décennies, je vous invite à écouter l'entrevue que j'accordais à Catherine Bachand du FM93.

mardi 3 juillet 2012

Quand consommer rime avec image : le cas de la publicité automobile


Dans un article récent intitulé « Dis-moi ce que tu conduis, je te dirai qui tu es! » auquel j’ai eu la chance de participer, la journaliste Julie Champagne du quotidien La Presse se demande si notre voiture serait le reflet plus ou moins conscient de notre identité, en d’autres mots « Pourquoi et comment la voiture exprime-t-elle notre statut social ? »

D'un point de vue sociologique et psychologique, l'étude de la publicité permet en effet de comprendre comment s'articulent de l'intérieur les « significations sociales et culturelles intrinsèques à la publicité ».

D’entrée de jeu, Jean-Jacques Stréliski, professeur associé à HEC Montréal et spécialiste en stratégie de l'image rappelle que « Notre voiture nous représente fondamentalement. Ce phénomène est connu et documenté depuis plusieurs années, tant sur le plan de la communication que de la psychologie. »

En fait, le marketing automobile joue des signes, fait intervenir ceux-ci et rejette momentanément ceux-là. Mais la société de consommation récupère aussi ses propres modes et propres mythes. La panoplie d'objets renvoie alors à un système symbolique.

Si on épluche un message publicitaire dans le domaine de l’automobile, on aboutit toujours à une motivation spécifique. La difficulté est d’en choisir une seule, celle qui fera vendre le plus le produit.

Que vous le vouliez ou non, la publicité automobile repose toujours sur une promesse de satisfaction. Il faut répondre à un besoin ou à un désir.

« La clé du succès, dit John Petrof, se résume à essayer de répondre le plus exactement possible aux besoins du consommateur. Tenter de satisfaire les consommateurs sans savoir ce qui les motive reviendrait à viser une cible en pleine obscurité. »

Pour réussir dans l’environnement ultra compétitif d’aujourd’hui, un géant de l'automobile comme Ford, Chysler, GM ou Toyota doit apprendre à se tailler une niche précise dans le marché. Si vous voulez gagner, il faudra positionner votre produit, c’est-à-dire cibler, segmenter, donc choisir.

De nos jours, un produit ne peut pas être à la fois un produit pour les hommes et un produit pour les femmes, un produit pour les jeunes et un produit pour les gens plus âgés. 

« Dans la jungle de la communication, rappellent Al Ries et Jack Trout, le seul espoir de ramener une belle proie est d’être sélectif, de se concentrer sur des cibles bien délimitées, de pratiquer la segmentation. »

Comme le rappelle avec justesse Madame Champagne à l'aide de nombreux exemples concrets, en marketing, nous n’achetons pas des produits, nous achetons des positionnements, donc des images. 

Dans les faits, c’est le désir d’exprimer notre personnalité qui nous guide dans le choix des produits et des marques. Qu’il s’agisse de bières, de cigarettes, de dentifrices, de quincailleries, de chaussures de sport ou d’automobiles, dépenser est une façon de communiquer notre identité sociale. Un article à lire absolument !

vendredi 29 juin 2012

Jeux olympiques de Londres : des revenus de 2,2 milliards $ en commandite


Les Jeux olympiques de Londres qui vont débuter dans quelques semaines vont générer des revenus totaux de commandite de l’ordre de 2,2 milliards de dollars, selon Advertising Age.

Par rapport aux Jeux de 2006 à Turin et de 2008 en Chine, il s’agit d’une augmentation des droits de commandite significative qui sera la bienvenue dans le contexte économique que l'on connaît actuellement. À l’époque, les commanditaires officiels avaient payé 866 millions de dollars au total pour les deux jeux (Chine et Italie).

À titre de comparaison, les revenus totaux de commandite aux Jeux de Montréal s'élevaient à 7 millions $. 

À Lillehamer, les programmes de marketing rapportent 500 millions $. À Atlanta, les Jeux sont pour la première fois entièrement financés par le privée. C'est dire l'importance qu'a pris la commandite dans les 25 dernières années aux Jeux olympiques.

À Londres, les partenaires mondiaux - onze plus précisément - paient environ 100 millions de dollars en argent et en échange de services au CIO pour devenir un commanditaire de premier plan. On parle ici de Visa, Samsung, Panasonic, Omega, Dow, McDonald's, P&G, GE, Atos Origin, Acer et Coca-Cola.

Parmi les commanditaires officiels des Jeux de Londres (partenaires officiels de 2e rang), on retrouve, BP, BMW, Adidas, BT, EDF, Lloyds TSB et British Airways. C’est sans compter les supporters officiels (7 entreprises) et les fournisseurs (17 entreprises).

Au Canada, RBC, Rona et Petro-Canada sont parmi les commanditaires les plus actifs des Jeux olympiques de Londres.

Outre les occasions exclusives en matière de marketing mondial, le comité international olympique (CIO) rappelle que les partenaires reçoivent également « le droit d’utilisation de toute l’imagerie olympique ainsi que les désignations olympiques appropriées sur les produits ; la possibilité d’accueil aux Jeux olympiques ; une publicité directe et des opportunités promotionnelles, y compris un accès préférentiel à la publicité au cours de la diffusion olympique ; des concessions sur site / franchises et vente de produits / opportunités de représentation ; une protection contre le marketing pirate; et la reconnaissance de leur soutien au travers d’un vaste programme de reconnaissance envers le parrainage olympique. »

Comme l'indique le blogue de FusionMarketing, une division de Cossette, « avec leurs milliards de téléspectateurs, les Jeux olympiques d’été sont en tête des événements les plus regardés à travers le globe, suivis des Coupes du Monde de foot de la FIFA et des Jeux olympiques d’hiver. »

« Au Canada, les Jeux d’hiver sont les plus regardés. Ceux de Turin en 2006 et de Salt Lake City en 2002 ont respectivement rejoint un total de 100,2 millions et 81,7 millions d’auditeurs en 2 semaines de diffusion. »

Une recherche de Decima Research réalisée il y a quelques années semble confirmer la force de la commandite olympique auprès des téléspectateurs. En effet, on constate que 59 % des répondants sont plus susceptibles de se procurer le produit des commanditaires ; 74 % ont une meilleure image du commanditaire ; et 76 % pensent que le commanditaire est le leader dans son secteur d’activité.

En raison de l’efficacité des commandites et des coûts de plus en plus élevés qu’elles engrangent, de plus en plus d’entreprises tentent malheureusement de s’associer indirectement aux Jeux olympiques sans défrayer les montants exigés. 

On appelle communément ce phénomène du marketing d’embuscade ou ambush marketing. L’ambush marketing (marketing d’embuscade) est une stratégie utilisée par les entreprises qui ne détiennent pas les droits d’une commandite. La stratégie consiste à s’associer indirectement à l’événement. 

En faisant du marketing d’embuscade, l’entreprise fautive crée de la confusion dans l’esprit des consommateurs. Le commanditaire officiel se voit ainsi contraint de partager sa visibilité.

Dans le passé, plusieurs entreprises ont eut recours au marketing d’embuscade. Pendant les Jeux olympiques de 1984, Kodak a commandité l’équipe américaine d’athlétisme. Pourtant, c’est Fuji qui était le commanditaire officiel des Jeux.

Durant les Jeux olympiques d’hiver de 1988, Wendy’s distribua des affiches montrant des scènes de sports d’hiver. À peu près au même moment, McDonald’s investissait des sommes considérables à titre de commanditaire officiel. 

En 1990, Coca-Cola était commanditaire officiel de la Coupe du monde. Pour mettre des bâtons dans les roues de Coca-Cola, Pepsi décida de devenir le commanditaire de l’équipe du Brésil.

Durant les Jeux olympiques de 1992, le fabricant de chaussures sportives Reebok était un commanditaire officiel. Or, la publicité de son principal concurrent, Nike, utilisait six joueurs de l’équipe nationale de basketball des États-Unis pour annoncer ses produits. 

Ce faisant, Nike bénéficiait d’une partie du prestige associé aux entreprises liées directement aux Jeux olympiques, et ce, sans avoir à débourser une somme importante d’argent.

Pour protéger les commanditaires cette année, le comité d'organisation de Londres 2012 a créé un périmètre de sécurité d'un kilomètre autour de chaque site olympique. On compte aussi exercer un contrôle serré sur les médias traditionnels et les médias sociaux (messages des athlètes et des bénévoles). 

Selon le magazine Stratégie, les mots «jeux», «2012», «deux mille douze», «médaille», «or», «argent» et «bronze» sont protégés. Le CIO a aussi signé une entente de veille avec Twitter.

À noter, par ailleurs, que le stade O2 Arena (du nom d'O2, filiale de Telefonica) a été rebaptisé North Greenwich Arena pour la durée des Jeux, afin de ne pas faire de l'ombre au commanditaire BT, concurrent d'O2.

lundi 25 juin 2012

Lancement d'une publicité du Parti libéral mettant en vedette Pauline Marois




Lancement ce soir d'une deuxième publicité du Parti libéral mettant cette fois en vedette la chef du Parti Québécois Pauline Marois. 

Dans cette publicité de 15 secondes qui confirme que nous irons voter en septembre, on voit la chef du Parti Québécois qui frappe de façon malhabile deux couvercles de casseroles.

Le message sans voix hors champ, ni argumentaire écrit, est fort subtil et s'inscrit dans la stratégie de repositionnement de Madame Marois annoncé par le Parti libéral il y a quelques jours dans une première publicité

Le visuel en monochrome est livré avec un léger ralenti, ce qui lui confère un pouvoir d'évocation important. Du côté sonore, pas de musique ni commentaire ; le message laisse plutôt la place au bruit des casseroles. Voici donc un message qui utilise avec talent les forces de la télévision, le média de l'image par excellence.

Dans sa facture d'ensemble et sans jamais le dire explicitement, le message publicitaire du Parti libéral suggère le tintamare et par voie de conséquence, le pouvoir de la rue versus celui des élus. C'est un message d'autant plus puissant qu'il laissera peu de place à la critique puisqu'il a été diffusé à l'origine par le Parti Québécois lui-même sur les médias sociaux.

Mais c'est le traitement du message qui fait cette fois toute la différence.

lundi 18 juin 2012

Publicité télévisée du Parti libéral


Dans un message d'une durée de 60 secondes lancé aujourd'hui sur les chaînes de télévision du Québec, le premier ministre Jean Charest s'adresse directement aux Québécois, sans artifice, musique ou montage. 

Visuellement, Monsieur Charest parle directement aux téléspectateurs. Le rythme est posé et le décor est dénudé. 

La posture est sobre. À l'exception de la cravate bleue de Monsieur Charest, le blanc est omniprésent. Le message laisse également voir un premier ministre sans veston, ni pupitre, bureau ou drapeau à l'arrière-scène.

Sur le plan du contenu, le message contient l'essentiel de l'axe communicationnel de la prochaine élection qui sera fort probablement déclenché au mois d'août : « Être premier ministre, ce n'est pas un concours de popularité ; c'est travailler dans l'intérêt de tous les Québécois et prendre des décisions difficiles pour le long terme. » 

Détail intéressant, on note l'absence de slogan à la fin du message.

Au passage, le premier ministre fait preuve d'humilité, reconnaissant que gérer le Québec « ça peut pas être parfait et on n'a pas réponse à tout ». 

Enfin, Monsieur Charest ne parle jamais directement de la compétition. Ceci dit, le thème clé -- ou mot clé du message -- est responsabilité par opposition bien sûr à irresponsabilité dans un prélude à la stratégie libérale à l'égard de la chef du parti québécois, Pauline Marois. 

Sans surprise, le plan média de cette campagne éclair prévoit une diffusion du message aujourd'hui, demain et mercredi. Par la suite, nons entrerons en effet dans ce que j'appellerais historiquement la trêve de l'été, pause particulièrement nécessaire cet été avec le poids très important qu'a occupé l'actualité politique au cours des derniers mois.  

Ce message, véritable avant-goût de la campagne électorale qui s'en vient, nous rappelle que les spécialistes de la publicité politique ne vendent pas seulement un programme électoral ; ils mettent aussi en forme des discours, des symboles et des images. 

La communication politique vise essentiellement à implanter des images dans la tête des électeurs. Ces images jouent ensuite un rôle clé dans le processus de décision des électeurs.

Par ailleurs, les émotions et les activités des candidats sont soigneusement programmées en fonction de leur impact médiatique.

Évidemment, on sait aussi que les comptes rendus et l’analyse de la publicité électorale font maintenant partie intégrante de la couverture média des campagnes électorales. 

D'ailleurs, au risque de déplaire aux amis journalistes, je continue à croire que la publicité politique semble souvent plus efficace que les nouvelles télévisées pour transmettre des informations sur les enjeux de la campagne. 

En attendant le déclenchement officiel des élections...

lundi 4 juin 2012

Grand Prix de Formule 1 du Canada : un événement clé pour l'image de Montréal


En terme de visibilité à l’échelle planétaire, le Grand Prix de Formule 1 du Canada, présenté la fin de semaine prochaine à Montréal, est sans contredis l’événement canadien le plus important dans le domaine des médias.

Dans les faits, c'est 300 millions de téléspectateurs à travers le monde (dont 70 millions en direct) qui regarderont pendant près de trois heures le Grand Prix du Canada qui, à cause de sa localisation géographique, est présenté à heure de grande écoute (prime time) dans la plupart des pays européens.

Sans surprise, le Grand Prix du Canada de Formule 1 qui se déroule à proximité du centre urbain – un avantage extraordinaire pour l’image de Montréal se classe régulièrement dans le Top 10 des événements les plus regardés dans le monde et cela, année après année.

Si on fait un petit calcul rapide, on constate qu'en terme de nombre de téléspectateurs, le Grand Prix est l’équivalent d’au moins 4 saisons complètes du Canadien de Montréal ! Il faut dire que cette course de Formule 1 est disponible dans plus de 100 pays à travers le monde.

En jetant un coup d’œil sur le profil des téléspectateurs (hommes / 25-54 ans), on remarque que 65 % de ceux-ci sont Asiatiques et/ou originaires du Moyen-Orient.

Ajoutons à cela les 300 000 spectateurs qui franchissent les tourniquets durant les trois jours de compétition sur l’Île Notre-Dame, dont 20 à 25 % sont Européens ou Américains.

À ce titre, les organisateurs du Grand Prix du Canada estiment que des dizaines de milliers de visiteurs étrangers dépenseront cette semaine à Montréal entre 75 et 100 millions $, que ce soit dans les restaurants, les hôtels ou le transport en commun (300 000 $ de revenus pour la STM en trois jours dans un contexte normal).

Pour toutes ces raisons, on ne sera pas surpris d’apprendre que les droits de retransmission TÉLÉVISION du Grand Prix de Formule 1 (l'ensemble des courses) s’élèvent à plusieurs milliards $.

Par ailleurs, depuis les années 80, l’association des constructeurs automobiles a constamment ajusté sa stratégie mondiale de commandite, de droits de TÉLÉVISION et de publicité.

Jusque-là, il faut se rappeler que les constructeurs automobiles négociaient à la pièce chacune des ententes : nombre de courses, commandites, droits de télévision, etc.

C’était bien sûr avant l’arrivée de Bernie Ecclestone qui, après être devenue propriétaire de l’écurie Brabham en 1971 (pour la modique somme de 120 000 $), devient le patron de l’association des constructeurs automobiles (FOCA) en 1978, puis négocie les célèbres ententes Concorde à partir de 1981.

Les ententes Concorde fixent les redevances des droits de télévision et de commandites de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), des constructeurs automoiles/écuries et de la Formula One Management (i.e. Ecclestone). Par exemple, à l'occasion de la première entente entre les différents partis, 47 % des revenus de télévision allaient aux équipes, 30 % à la FIA et 23 % à la FOM.

Cette année, le Grand Prix de Formule 1 de Montréal compte un partenaire de premier plan : Mercedes-Benz.



jeudi 17 mai 2012

Les moments clés de l'histoire de Facebook

À l'occasion du lancement en bourse de Facebook, retour obligé sur les moments clés de l'histoire de ce géant des médias sociaux et de l'Internet (75 % du temps passé sur les réseaux sociaux selon comScore Media Metrix / octobre 2011).


2003 : Mark Zuckerberg écrit un premier programme informatique pour un site Internet sur lequel on retrouve des photos d'étudiantes de l’Université Harvard. Zuckerberg demande aux internautes d'évaluer la beauté -- de donner une cote -- à chacune des étudiantes. Zuckerberg nomme ce site « Facemash ». 

Ce premier site de Zuckerberg est un succès instantané : lors des quatre premières heures d'existence, Facemash attire 450 visiteurs et 22 000 visionnements de photos de filles. Mieux encore, le visiteur moyen vote à 48 reprises ! 

(En passant, 70 % des photos visionnées de nos jours sur Facebook ont une chose en commun… Ce sont des photos de filles !)

Fort de ce succès, la firme Facebook est fondée par Mark Zuckerberg avec des colocs de l’Université Harvard et trois autres étudiants : Eduardo Saverin, Dustin Moskovitz et Chris Hughes.

2004 : la première monture de Facebook (dans les faits, The Facebook), un service de réseautage social (ou réseau social) est lancé sur la Toile en février.

Au départ, seuls les fondateurs, les étudiants de l'Université Harvard, de l’Université de Boston et de l'Université de Stanford ont accès au site. Éventuellement, on étend la base aux autres universités, aux collèges, puis à la plupart des pays du monde.

Facebook est incorporé au milieu de l’année.

2005 : The Facebook devient Facebook après l'achat du nom de domaine facebook.com pour la somme de 200 000 $.

2006 : Facebook est ouvert le 26 septembre à tous les internautes de 13 ans et plus.

2007 : Facebook remporte plusieurs prix dont le « Top 100 / Sites Web classiques » par le magazine PC. En octobre 2007, coup de théâtre : Microsoft confirme le potentiel de Facebook en achetant 1,6% de l'entreprise pour 240 millions $. Ce faisant, le marché donne  à Facebook une valeur comptable de 15 milliards $.

2008 : Selon comScore, Facebook est le réseau social qui attire le plus de visiteurs uniques par mois. Il dépasse du même coup son principal concurrent d'alors, le site MySpace.

2009 : la firme Compete.com annonce que le site Facebook est le réseau social le plus utilisé à travers le monde. À la fin de 2009, le site de réseautage le plus populaire de la planète compte plus de 300 millions de membres, dont 25 % sont des utilisateurs quotidiens !

Le 13 juin, Facebook met à la disposition de ses 200 millions de membres des URLs personnalisés.

Selon SOM, 1 adulte québécois sur 4 a maintenant un profil Facebook. En d’autres mots, autour d’un million et demi de personnes (1,56 M) font partie de ce réseau social au Québec.

En moyenne, la moitié des membres de Facebook au Québec passent au moins 90 minutes par semaine sur le site. Ce sont les 18-24 ans qui sont les plus assidus, en moyenne, avec 240 minutes par semaine.

2010 : durant la semaine du 13 mars, Facebook passe devant Google en terme de trafic. En avril 2010, une étude révèle que 41,6% de la population américaine a un compte personnel Facebook.

Selon Anderson Analytics, les utilisateurs de Facebook sont plus âgés et plus aisés. Ils sont plus susceptibles d'être mariés (40 %), blancs (80 %) et retraités (6 %) que les utilisateurs des autres réseaux sociaux. Ils ont le deuxième revenu moyen le plus élevé (61 000 $) et ils ont 121 amis, en moyenne. Les Facebookers sont aussi très fidèles : 75 % déclarent que Facebook est leur site favori.

2011 : Signe des temps (et de sa popularité), Facebook supprime environ 20 000 profils par jour. En mai, on apprend que Facebook compte 139 millions de visiteurs uniques par mois aux États-Unis.

2012 : Facebook achète Instagram pour 1 milliard $. En mai, à quelques heures de son lancement en bourse, Facebook atteint les 900 millions d'utilisateurs actifs, dont la moitié utilise des plateformes mobiles pour accéder aux différents services de ce géant évalué à 125 milliards $ !

mercredi 9 mai 2012

Conférence sur les médias sociaux à l'ACFAS


Dans le cadre du Congrès annuel de l’ACFAS, je donnais cet après-midi une conférence intitulée « Motivations et médias sociaux ».

Cette conférence visait à sensibiliser les participants au profil des utilisateurs de médias sociaux et aux motivations de ceux-ci. Dans un premier temps, je me suis penché sur le contexte historique dans lequel sont apparus les médias sociaux : origines, typologies et profil des utilisateurs.

Par la suite, j’ai cherché à comprendre pourquoi et comment les consommateurs utilisent les médias sociaux pour engager la conversation avec les décideurs, les influenceurs, les clients, les entreprises et/ou les futurs acheteurs : création de contenu, promotion, visibilité et surveillance.

Bien sûr, on retrouvait aussi dans ma présentation des données sur les réseaux sociaux (LinkedIn et Facebook), Twitter, YouTube et les blogues (Blogger et WordPress). 

Comme le rappelait le libellé de ce colloque intitulé « Les médias sociaux et la perspective consommateur : un point de vue multidisciplinaire » organisé par Marie J. Lachance  (Université Laval), Pierre Beaudoin (Université Laval), Claudine Ouellet (Université Laval) et Jacinthe Cloutier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières) :

«De plus en plus d’entreprises utilisent ces nouvelles formes de communication (les médias sociaux) pour joindre les consommateurs, ce qui a généré des études et des colloques sur les problématiques commerciales qui en découlent. »

« Il est donc plus que pertinent d'échanger sur le phénomène des médias sociaux en adoptant le point de vue du consommateur. Il est intéressant d'en connaître les usages effectués par celui-ci, son profil type ainsi que l'attitude qu'il adopte envers les médias sociaux. »

Ce colloque multidisciplinaire visait à rassembler des chercheurs de différents horizons. Parmi les nombreux intervenants, on comptait Julia Gaudreault-Perron du CEFRIO (Centre francophone d'informatisation des organisations), Anik Ferron (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Louise Sauvé (Télé-université), Claudine Ouellet (Université Laval) et Patrick Arsenault (Université de Poitiers).

Pour ceux qui n’étaient pas présents et qui voudraient en savoir davantage sur ce colloque consacré entièrement aux médias sociaux, je vous invite à écouter cette entrevue réalisée à l'antenne du FM98,5 à Montréal avec Benoît Dutrizac.

mercredi 2 mai 2012

10 plus grands désastres de l'histoire des relations publiques


En plein coeur du boycottage étudiant, du scandale entourant SNC-Lavalin en Libye et des problèmes récents des jus Lassonde sur les médias sociaux, jetons aujourd'hui un coup d'oeil sur les plus grands désastres de relations publiques de l'histoire, ceci afin de nous rassurer et de remettre les choses en perspective.

Voici mon Top 10 des plus grands désastres de l'histoire des relations publiques :

1. BP (déversement de pétrole)
Le désastre des désastres dans le domaine écologique. Dès le début, BP multiplie les erreurs. Initialement, la firme rejette la faute du déversement de pétrole sur les exploitants de la plateforme, qu’il s’agisse d’Halliburton ou de Transocean. 

Dans un autre moment d’égarement, BP tente de renommer la crise et utilise l’expression Deepwater Horizons pour qualifier le déversement de brut (du nom de la plateforme pétrolière), mais c’est peine perdue. La presse et les médias électroniques utilisent le mot clé BP pour identifier la marée noire.

Après plusieurs semaines, on parvient – enfin – à colmater une partie de la brèche. BP annonce la création d’un fonds visant à étudier les effets de la marée noire et ses impacts sur l’écosystème marin. 

2. Nouveau Coke
Pressée de revoir sa recette dans les années 80 à cause de la compétition et des publicités de Pepsi mettant en vedette Michael Jackson, la nouvelle formule de Coca-Cola doit révolutionner l’industrie des colas.

Plus sucré que l’original, le Nouveau Coke est le résultat de recherches scientifiques menées auprès de plus de 190 000 personnes et qui donnaient à penser que celui-ci serait un grand succès. Pourtant, le Nouveau Coke est un échec. En l’espace de quelques jours, la firme basée à Atlanta reçoit plus de 400 000 appels de clients insatisfaits et doit interrompre les soaps d'après-midi pour annoncer la bonne nouvelle : le Coca-Cola traditionnel reviendra sur les tablettes.

3. Poulet Frit Kentucky (promotion PFK)
Durant l'une de ses émissions, Oprah Winfrey invite les gens à profiter de la promotion « deux morceaux de poulet grillé gratuits » offerte par les restaurants KFC (ou PFK au Canada français, anciennement le Poulet Frit Kentucky). 

Le coupon en ligne que l'on retrouve sur le site d'Oprah suscite tellement d'enthousiasme (c'est la promotion la plus efficace de l'histoire de KFC) que la populaire chaîne de poulet frit modifie puis annule ses plans initiaux... faute de poulet dans plusieurs de ses restaurants.

4. Bridgestone (pneus)
À partir de 1998, Bridgestone commence à recevoir des plaintes de clients relativement aux comportements routiers de ses pneus mais la firme refuse d’admettre qu’elle a un réel problème avant 2000, lorsque la NHTSA lance une enquête aux États-Unis. 

Après plusieurs tergiversations dans les médias, Bridgestone accepte finalement le blâme et le 2 août 2000, on annonce le rappel de 6,5 millions de pneus – le deuxième plus important rappel en importance dans l’histoire américaine.

5. Bank of America
À l’automne 2011, Bank of America annonce qu'elle va facturer cinq dollars chaque mois à ses clients utilisant une carte de débit. Consterné, les Américains organisent un boycottage de Bank of America sur les médias sociaux et en succursales. 

Après quelques semaines de contestations et des dizaines de milliers de comptes bancaires fermés, Bank of America recule et annule ses hausses de frais. Victoire pour les clients de la banque et première grande démonstration de force des médias sociaux dans le domaine commerciale et du boycottage.

6. Janet Jackson
Pendant une chorégraphie de Janet Jackson, lors de la mi-temps du Super Bowl XXXVIII présenté à l’antenne de CBS en 2004, le chanteur Justin Timberlake arrache par accident une partie du bustier de la chanteuse, laissant voir du même coup le sein droit de Janet Jackson pendant un très court laps de temps – moins d’une seconde.

Dans les semaines qui vont suivre, la FCC, notre équivalent du CRTC, va recevoir plus de 8 millions de plaintes. Selon un sondage AP, 54 % de la population américaine trouve le geste déplacé. Comble de malheur, le commanditaire de la mi-temps, America Online réclame le remboursement de sa commandite – 3.5 millions $.

Sans le vouloir, le sein de Janet a une autre conséquence : il met au monde la reprise numérique à la maison. D'ailleurs, l'événement reste à ce jour, la séquence la plus visionnée en reprise de l'histoire des enregistreurs vidéos - le sein a été revu autour de 40 millions de fois...

(Mentions honorables à Tom Cruise et Martha Stewart dans cette catégorie)

7. Pepsi-Cola
Aux Philippines, Pepsi-Cola a dû faire face à 800 000 gagnants après avoir donné un mauvais numéro gagnant lors d’un concours. La multinationale a eu droit à de violentes manifestations. Elle a finalement acheté la paix en donnant 20 $ à chaque détenteur d’un billet gagnant.

Quelques années plus tard, en 1999, un client de Pepsi récidive en exigeant de recevoir le jet promis dans une publicité humoristique de Pepsi, cela en échange de 7 000 000 de canettes de boissons gazeuses.

8. Coca-Cola
La promotion Magic Summer ’90, une des plus importantes promotions jamais mises sur pied par Coca-Cola, connaît une fin abrupte. En effet, le mécanisme disposé à l’intérieur de certaines des 750 000 cannettes de boisson gazeuse a des ratés.

Le mécanisme qui doit faire surgir entre 5 $ et 200 $ en argent à l’ouverture des canettes refuse de fonctionner à quelques reprises. Au moins un enfant but le liquide remplaçant le Coke dans les cannettes gagnantes. D’autres furent très surpris de voir des rouleaux de dollars surgir de leur cannette.

Coca-Cola fut aussi critiquée pour avoir envoyé aux journalistes des cannettes gagnantes à titre promotionnel. Tout cela se termina en un cuisant échec financier.

9. Maytag
En 1993, Maytag Angleterre évite de peu le fiasco à la suite d’une offre de billets d’avion gratuits avec chaque achat de 150 $ de produits Hoover. Plus de 200 000 clients demandent un voyage aérien gratuit!

10. Tiger Woods
Les années 2009 et 2010 n’auront pas été de tout repos pour Tiger Woods. Sportif le mieux payé au monde et premier milliardaire du sport, Tiger Woods est impliqué dans un scandale de nature sexuelle qui affectera sérieusement son image auprès du public et fera fuir plusieurs commanditaires de prestige. Éventuellement, ces révélations d'infidélité(s) en série mèneront à son divorce.