Bell Média a dévoilé ses plans aujourd'hui pour le lancement de Crave TV, un service de visionnement en ligne qui sera lancé le 11 décembre prochain.
Le service Crave TV offrira aux abonnés des séries TV exclusives, des comédies et des documentaires. Ce service de visionnement sur demande en ligne qui entrera directement en compétition avec Netflix coûtera 4 $ par mois.
Parmi les « exclusivités » de Crave TV, on comptera la comédie Seinfeld. Plus tôt cette année, Bell avait aussi annoncé qu'elle avait obtenu les droits canadiens exclusifs de HBO pour les séries The Sopranos, Sex and the City, The Wire et Six Feet Under.
Sans surprise, les clients de Telus Optik TV, Bell Tele Fibe et Bell Aliant FibreOP TV auront accès au service de visionnement sur demande de Crave TV au moment du lancement du service par Bell.
Les clients pourront également visionner le contenu sur des applications mobiles, le web, les consoles de jeux et les téléviseurs intelligents (ITV).
Ce développement constitue un tournant important dans la guerre que se livre depuis plusieurs années Netflix et les fournisseurs de télévision par câble et par satellite au Canada.
Historiquement, les compagnies de diffusion par câble et par satellite percevaient Netflix comme un compétiteur pas très dangereux. Après tout, Netflix a pendant longtemps concentré ses activités dans le domaine de la location de DVD.
À cette époque, Netflix « c’est ce qui permettait aux gens d’éviter les amendes consécutives au retour des DVD en retard ». C'est d'ailleurs ce qui explique la création de la firme en 1997 - un DVD d'Apollo 13 retourné en retard.
Depuis ce temps, les choses ont bien changé chez Netflix. De nos jours, la firme de Los Gatos en Californie est présente dans plus de 40 pays et elle est responsable de plus du tiers du trafic internet en Amérique du Nord en soirée. Mieux encore, Netflix compte au-delà de 50 millions de clients à travers le monde !
Dans les faits, il faut dire que le réflexe premier de la nouvelle génération de clients consiste de plus en plus à abandonner la télévision par câble et par satellite, perçue comme étant trop dispendieuses, pour le service Netflix, disponible sur des tonnes de plateformes : iPhone, iPad, Android, Apple TV, Roku, Xbox, Playstation, télévision intelligente, tablettes, écrans d’ordinateur, etc.
En parallèle, Hulu, Apple, Google, Amazon et Microsoft ont aussi lancé divers modèles de distribution du contenu télévisuel permettant de court-circuiter le modèle traditionnel fondé sur les fournisseurs de télévision par câble et satellite.
Dans ce contexte hautement compétitif, les fournisseurs de télévision par câble et satellite font donc un nouveau calcul en ce qui a trait à la création, la distribution et la consommation du contenu télévisuel.
Pour un, la création de Crave TV et autres services du même genre pourrait devenir un argument fort pour conserver les clientèles naturelles et ralentir la migration des clientèles plus jeunes vers le service Netflix.
En outre, les fournisseurs de télévision par câble et satellite constatent que les clients de Netflix possèdent souvent des connexions plus rapides, donc plus payantes pour les fournisseurs de signaux internet, des produits qu’offrent les fournisseurs de signaux TV.
Dans sa quête de séduction auprès des fournisseurs de télévision, Netflix se comporte d’ailleurs de plus en plus comme un réseau de télévision classique, entre autres, en développant ses propres séries comme House of Cards et Orange is the New Black.
En outre, Netflix a conclut des accords avec des studios de cinéma, pensons à DreamWorks, Paramount Pictures, Lions Gate Entertainments et MGM, par exemple. Netflix a même remporté un premier prix Emmy l'a dernier pour une série offerte exclusivement par l'entremise d'internet.
Chose certaine, les câblodistributeurs doivent s’ajuster dès que possible à quatre phénomènes clés, des facteurs qui menacent leur survie : (1) le déploiement actuel des réseaux de fibre optique à la Bell, lesquels permettent l'émergence d'un Netflix ; (2) la fin de la télévision de rendez-vous ; (3) la multiplication des plateformes permettant de visionner du contenu télévisuel (téléphone intelligent et tablette numérique) et (4) le déploiement rapide de la télévision intelligente.
Aux États-Unis, plus de 20 % des foyers possèdent déjà un téléviseur branché directement sur Internet (33 % en 2016). Ces consommateurs de télévision ont déjà accès à Netflix dans le confort de leur foyer.
C’est sans compter les 350 milliards $ de revenus publicitaires en jeu à la télévision, des dollars qui pourraient migrer au gré des cotes d’écoute et des clientèles qui abandonnent chaque jour le câble ou le satellite.
Tout cela au moment où on apprend par l'entremise de la Presse canadienne (PC) que le gouvernement canadien dévoilera prochainement un plan afin d'obliger les fournisseurs de télévision par câble et satellite à offrir aux clients la possibilité de payer les services à la carte.
Pas de doute possible, la télévision est au cœur d’une mutation d’importance qui aura des conséquences majeures sur les Videotron, Bell Télé, Cogeco, Shaw et Rogers. Des changements qui obligeront éventuellement les fournisseurs de télévision par câble et par satellites à pactiser avec l'ennemi Netflix. C’est ma prédiction.