Roger Moore, l’acteur britannique qui a joué le rôle de
Simon Templar dans la série télévisée Le Saint et de l’agent 007 dans sept
James Bond est décédé mardi
en Suisse à l’âge de 89 ans.
Moore était l’un des 6 acteurs qui incarneront James
Bond au cinéma. Les autres sont George Lazenby, Sean Connery, Timothy Dalton,
Pierce Brosnan et le très talentueux Daniel Craig.
Curieusement, c’est Cary Grant qui est le premier
pressenti pour incarner James Bond au cinéma en 1962. Puis on pense à Roger
Moore qu’on élimine parce que trop beau pour incarner le rôle du viril agent
secret James Bond. Et pourtant, après le retrait de Connery, Moore deviendra le
nouveau visage de James Bond, de Live and Let Die (Vivre et laisser mourir) en 1973 jusqu’à A
view to a kill (Dangereusement vôtre) en 1985.
James Bond, c’est l’histoire de son créateur,
l’écrivain Ian Fleming, ex-reporter et ex-agent secret britannique qui cherche
à s’évader par l’écriture lors d’un séjour en Jamaïque en 1952. Il faut dire
que Fleming est sur le point de se marier.
Dans ce contexte, au bord de la plage, Fleming rêve de
femmes, d’aventure et de suspense. Au bout de six semaines, il accouche d’un
premier roman intitulé Casino Royale, mettant en vedette un certain
James Bond, un agent secret qui prendra quelques années à s’affirmer aux
États-Unis.
Initialement, seulement 4000 copies seront vendues du
premier livre de Fleming au sud de la frontière. Puis, coup du destin, un
certain John F. Kennedy, président des États-Unis, classera les aventures de
Bond parmi ses 10 meilleures lectures de l’été dans le magazine Life.
C’est le début d’une grande saga.
Fleming, en écrivain talentueux, comprend dès le départ l'importance d’affubler
son héros d’un nom porteur. Pourtant, par pur hasard, il reconnaîtra avoir
retenu le nom « James Bond » après être tombé sur un livre consacré à
l’ornithologie et dont l’auteur est un certain… James Bond.
Momentanément, l’adaptation télévisuelle du roman Casino
Royale en 1954 par la CBS (pour un montant de 1000 $ payé directement à
Fleming) mettra en vedette l’agent américain « Jimmy Bond ». Mais rapidement,
Bond redeviendra un agent britannique au service de la reine dans le film Dr.
No lancé en 1962.
Exception faite de ce faux pas, on retrouvera dans la
marque James Bond des romans bien ficelés, des thèmes éternels (les oppositions
Bond/le méchant, le méchant/la femme, la femme/Bond, le monde libre/l’URSS et
l’amour/la mort) et des personnages archétypaux (Bond, le beau, viril, macho,
intelligent et loyal agent secret amateur de golf, de gambling, de ski ou de
parachute ; le méchant, monstrueux, laid, gros, petit ou chauve
multimillionnaire et tricheur).
Par ailleurs, les 12 romans de James Bond écrits par
Ian Fleming (10 publiés de son vivant / 2 à titre posthume) reposeront sur une
structure invariable qui sera éventuellement reprise avec humour par la
série de films d’Austin Powers. Je répète : Bond séduit la femme mais finit
toujours par la perdre…
Pour couronner la formule Fleming, des voitures (Aston
Martin, BMW, etc.), des fusils (dont le fameux Beretta 418, un fusil de femme
faut-il le préciser), des gadgets, de l’alcool, des destinations à faire rêver
et de jolies filles.
Cette recette réglée au quart de tour permettra à
Fleming de choisir de son vivant six auteurs qui poursuivront la tradition Bond
après sa mort en 1964.
Avant son décès, Fleming vendra les droits
cinématographiques à court terme de James Bond à Harry Saltzman, un Canadien
née à Sherbrooke et à Albert Brocoli, un Américain, pour la somme initiale de
50 000 $.
Brocoli et Saltzman formeront une entreprise, Eon,
pour gérer le développement créatif de James Bond sur le grand écran.
Éventuellement, Saltzman vendra ses parts à United Artist devenue depuis MGM.
Les films de la série donneront naissance à des jeux vidéo, des trames musicales
et des bandes dessinées.
Au total, les ventes de la marque James Bond, incluant
celles des produits dérivés, s’élèvent aujourd’hui à plus de 5 milliards $.
Cela fait de James Bond l’une des trois plus importantes franchises de tous les
temps avec Harry Potter et Star Wars.
À eux seul, les romans de James Bond ont dépassé le
cap des 100 millions de copies vendues. On estime aujourd’hui que plus de 2,5
milliards de paires d’yeux ont vu les films de James Bond en salle depuis 1962.
Pas mal pour un héros que William Plomer, l’éditeur initial de le série James
Bond, trouvera un peu ennuyeux.