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mardi 15 août 2017

Elvis toujours aussi vivant


Cette semaine marque le 40e anniversaire de la mort d’Elvis Presley. Mais une revue en surface des revenus des stars vivantes comme décédées permet de constater à quel point Elvis Presley a traversé avec succès l’épreuve du temps.

Qu’il s’agisse de son nom, son image, sa voix, sa signature ou son mouvement de hanche – autant d’éléments protégés par le droit sur l’image aux États-Unis – force est de constater qu’Elvis Presley n’a rien perdu de sa popularité. Il faut dire que Core Media Group (anciennement CKX), a longtemps fait un travail admirable afin de « garder en vie » Elvis avant de vendre son 85 % des droits de la star à Authentic Brand Group en 2013.

En plus d’Elvis, Authentic Brand Group possède les droits sur l’image de Muhammad Ali, Marilyn Monroe et Michael Jackson.

À elle seule, la propriété de Graceland qui attire annuellement 600 000 visiteurs a généré des ventes de près de 20 millions $ l'an dernier.

Évidemment, il est tout à fait superflu de demander à Elvis de déclarer qu'il emploie ou qu'il est satisfait du produit annoncé; il suffit d'affirmer, de prouver par l'évidence, c'est-à-dire en montrant la star près du produit, que l'objet existe dans le monde où elle vit.

À cet égard, on évalue que le marché des stars décédées vaut à lui seul plus de 800 millions $ annuellement à travers le monde.

Grâce à Creative Management Group ou CMG Worldwide, une firme basée dans la région d'Indianapolis et qui comptait jusqu’à tout récemment dans sa banque plus de 200 vedettes mortes ou vivantes (James Dean, Fred Astaire, Babe Ruth, Jayne Mansfield, Lou Goering, Betty Page, Malcom X, le Géant Ferré, Maurice Richard, etc.), les stars disparues sont assurées de faire les beaux jours de la publicité et du marketing.

Évidemment, l'avantage de ces emprunts posthumes en marketing est considérable: comme vous le dira GreenLight, une autre firme qui fait dans les stars décédées, tous les disparus sont de braves gens, sympathiques, à l’abri des surprises, des amants, des maîtresses ou de la drogue.

Elvis Presley, John Wayne, James Dean, autant de personnages qui sont à la fois des héros mythiques et des stéréotypes susceptibles de plaire à un large public. Ils ont alors comme fonctions diverses de figurer, investis par délégation de pouvoir, comme les protagonistes d'une épopée ancienne.

En plus de favoriser l’attention et l’identification, les vedettes décédées du cinéma, de la musique ou du sport bénéficient généralement d’un fort capital de sympathie.

En réalité, la star décédée permet souvent de communiquer un aspect de la personnalité du produit.

Pour acquérir rapidement un taux de notoriété satisfaisant, la célébrité a toujours été un formidable accélérateur. Dans les faits, la vedette représente souvent une assurance sur la visualisation de la publicité. Même lorsque celle-ci est décédée…

mardi 23 mai 2017

Décès de l'acteur Roger Moore


Roger Moore, l’acteur britannique qui a joué le rôle de Simon Templar dans la série télévisée Le Saint et de l’agent 007 dans sept James Bond est décédé mardi en Suisse à l’âge de 89 ans.

Moore était l’un des 6 acteurs qui incarneront James Bond au cinéma. Les autres sont George Lazenby, Sean Connery, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et le très talentueux Daniel Craig.

Curieusement, c’est Cary Grant qui est le premier pressenti pour incarner James Bond au cinéma en 1962. Puis on pense à Roger Moore qu’on élimine parce que trop beau pour incarner le rôle du viril agent secret James Bond. Et pourtant, après le retrait de Connery, Moore deviendra le nouveau visage de James Bond, de Live and Let Die (Vivre et laisser mourir) en 1973 jusqu’à A view to a kill (Dangereusement vôtre) en 1985.

James Bond, c’est l’histoire de son créateur, l’écrivain Ian Fleming, ex-reporter et ex-agent secret britannique qui cherche à s’évader par l’écriture lors d’un séjour en Jamaïque en 1952. Il faut dire que Fleming est sur le point de se marier. 

Dans ce contexte, au bord de la plage, Fleming rêve de femmes, d’aventure et de suspense. Au bout de six semaines, il accouche d’un premier roman intitulé Casino Royale, mettant en vedette un certain James Bond, un agent secret qui prendra quelques années à s’affirmer aux États-Unis.

Initialement, seulement 4000 copies seront vendues du premier livre de Fleming au sud de la frontière. Puis, coup du destin, un certain John F. Kennedy, président des États-Unis, classera les aventures de Bond parmi ses 10 meilleures lectures de l’été dans le magazine Life. C’est le début d’une grande saga.

Fleming, en écrivain talentueux, comprend dès le départ l'importance d’affubler son héros d’un nom porteur. Pourtant, par pur hasard, il reconnaîtra avoir retenu le nom « James Bond » après être tombé sur un livre consacré à l’ornithologie et dont l’auteur est un certain… James Bond.

Momentanément, l’adaptation télévisuelle du roman Casino Royale en 1954 par la CBS (pour un montant de 1000 $ payé directement à Fleming) mettra en vedette l’agent américain « Jimmy Bond ». Mais rapidement, Bond redeviendra un agent britannique au service de la reine dans le film Dr. No lancé en 1962.

Exception faite de ce faux pas, on retrouvera dans la marque James Bond des romans bien ficelés, des thèmes éternels (les oppositions Bond/le méchant, le méchant/la femme, la femme/Bond, le monde libre/l’URSS et l’amour/la mort) et des personnages archétypaux (Bond, le beau, viril, macho, intelligent et loyal agent secret amateur de golf, de gambling, de ski ou de parachute ; le méchant, monstrueux, laid, gros, petit ou chauve multimillionnaire et tricheur).

Par ailleurs, les 12 romans de James Bond écrits par Ian Fleming (10 publiés de son vivant / 2 à titre posthume) reposeront sur une structure invariable qui sera éventuellement reprise avec humour par la série de films d’Austin Powers. Je répète : Bond séduit la femme mais finit toujours par la perdre…

Pour couronner la formule Fleming, des voitures (Aston Martin, BMW, etc.), des fusils (dont le fameux Beretta 418, un fusil de femme faut-il le préciser), des gadgets, de l’alcool, des destinations à faire rêver et de jolies filles.

Cette recette réglée au quart de tour permettra à Fleming de choisir de son vivant six auteurs qui poursuivront la tradition Bond après sa mort en 1964.

Avant son décès, Fleming vendra les droits cinématographiques à court terme de James Bond à Harry Saltzman, un Canadien née à Sherbrooke et à Albert Brocoli, un Américain, pour la somme initiale de 50 000 $.

Brocoli et Saltzman formeront une entreprise, Eon, pour gérer le développement créatif de James Bond sur le grand écran. Éventuellement, Saltzman vendra ses parts à United Artist devenue depuis MGM.

Les films de la série donneront naissance à des jeux vidéo, des trames musicales et des bandes dessinées.

Au total, les ventes de la marque James Bond, incluant celles des produits dérivés, s’élèvent aujourd’hui à plus de 5 milliards $. Cela fait de James Bond l’une des trois plus importantes franchises de tous les temps avec Harry Potter et Star Wars.

À eux seul, les romans de James Bond ont dépassé le cap des 100 millions de copies vendues. On estime aujourd’hui que plus de 2,5 milliards de paires d’yeux ont vu les films de James Bond en salle depuis 1962. Pas mal pour un héros que William Plomer, l’éditeur initial de le série James Bond, trouvera un peu ennuyeux. 


jeudi 8 septembre 2016

Star Trek a 50 ans: comment cette série a changé la télévision



Le 8 septembre 1966, Star Trek était diffusée pour la première fois à la télévision américaine. Un demi-siècle plus tard, la franchise compte 6 séries et 13 films.


Créée par Gene Roddenberry, la série Star Trek (ou Patrouille du cosmos, en français) est considérée comme la série culte numéro 1 de l’histoire de la télévision par le magazine américain TV Guide.

Dans les faits, Star Trek (l’original) est une série télévisée en 79 épisodes de 45 minutes, diffusée entre le 8 septembre 1966 et le 3 juin 1969 sur le réseau NBC (trois saisons au total, mais sans jamais occuper le Top 30 des émissions les plus populaires).

Dès 1970, la série Star Trek est disponible dans plus de 60 marchés sur la planète. Il faut dire que la composition de l’équipage (un Blanc, une Noire, un Russe, un Asiatique, un Britannique et un extraterrestre) facilite l'identification. Ce Benetton avant l’heure deviendra par la suite la norme dans l'ensemble de la production télévisuelle hollywoodienne.

Au Québec, la série a été diffusée à partir de 1971 et rediffusée sur Prise 2. La série Star Trek sera traduite par Sonolab.

En France, la série a été diffusée à partir du 23 août 1982 sur TF1 et rediffusée sur Jimmy.

Éventuellement, sous le poids des baby-boomers qui vieillissent, la série donnera naissance à des films, des romans, des jeux vidéo, d’autres séries et de grandes rencontres – des trade shows – durant lesquelles les admirateurs de la première heure échangent des souvenirs et des produits dérivés déguisés en Spock, le Comiccon Montréal 2012 ou 2016 étant deux exemples parmi tant d’autres de cette popularité tout azimut.

Dans une première entrevue réalisée avec Gilles Parent du FM93, à Québec, je discute en détail du phénomène Star Trek, ce qu’il faut absolument savoir pour apprécier à sa juste valeur le dernier film de la série intitulé tout simplement Star Trek. Un pur moment de rigolade avec en prime les incontournables sons de laser, chambre des moteurs, portes coulissantes, etc. Pour écouter cette entrevue, cliquer ici.

Dans cette entrevue réalisée avec BenoîtDutrizac à l’occasion du passage de William Shatner à Montréal en 2012, je discute en détail du phénomène Star Trek. Un pur moment de nostalgie avec en prime plusieurs anecdotes et les incontournables sons de portes coulissantes et de téléportations.

À l'occasion du deuxième passage de William Shatner à Montréal (Comiccon 2016), je fais l’histoire de la série Star Trek (Patrouille du cosmos, en français) avec Guy Simard de l’émission «Que le Québec se lève». Je parle, entre autres, du concepteur de la série, des acteurs, des scénarios et des innovations technologiques consécutives à la première série.

Vous y apprendrez, entre autres, que Gene Roddenberry  s’inspira des voyages de Gulliver et de thèmes clés (guerre, paix, loyauté, impérialisme, lutte des classes, racisme, religion, sexisme, féminisme et technologie) pour bâtir sa trame de fond.

Et sans un sou, abandonné par la Paramount, Roddenberry donnera naissance à un autre phénomène clé dans les années 70 : les bloopers.

lundi 11 avril 2016

Les raisons du succès de La Voix

De nombreux téléspectateurs croyaient que Travis Cormier sortirait gagnant de la grande finale de La Voix. Et pourtant, c’est Stéphanie St-Jean, qui a gagné in extremis, à 32 contre 31 % pour Travis. Comment expliquer cette superbe performance de TVA.

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer le succès de La Voix.

1. L’identification
Les protagonistes de La Voix nous ressemblent ou pourraient nous ressembler. Ce sont des gens comme tout le monde. Les téléspectateurs s’identifient aux participants, ce qui crée des liens affectifs ; les téléspectateurs ont aussi l’impression de partager la même réalité. 


Pourtant, il faut savoir que cette voie n’est pas ouverte à tout le monde. Les producteurs de ces émissions procèdent à la sélection des candidats selon des profils stéréotypés.

Dans le cas de La Voix, on a pris soin de sélectionner des participants originaires de plusieurs régions afin de renforcer le lien entre les participants et le public. La majorité des téléspectateurs s’associent donc à l’un ou l’autre des protagonistes pour diverses raisons : les candidats proviennent de différentes régions géographiques, ne sont pas connus, bref, ce sont des gens ordinaires avec des parcours approximatifs.

2. L’évasion
La Voix est marchande de rêves d’argent, d’amour et de gloire. Elle repose sur des leviers universels qui existaient déjà avant la téléréalité : la passion, le charme, le succès, l’échec.
À l’instar des autres téléréalités, La Voix est donc une manière de s’évader du quotidien et de rêver.

3. L’individualisme
Force est de reconnaître que nous vivons dans une société qui valorise l’expression personnelle. Or, La Voix est le reflet de cette société,
une génération de téléspectateurs pour qui, exister, « c’est être vus à la télévision ». 


De plus, certains téléspectateurs témoins de la célébrité acquise par les participants, entretiennent l’espoir de l’obtenir eux-mêmes un jour.

4. La célébrité
Les participants de La Voix viennent chercher de la reconnaissance et de la notoriété; un succès généralement éphémère, dois-je le rappeler.


En entrevue, John De Mol, créateur de The Voice of Holland et ex-patron néerlandais d’Endemol Entertainment (il a vendu son entreprise à Telefonica en 2000 mais il est de retour dans Endemol depuis 2007), confirme : « Nous avons inventé un nouveau genre et montré que des individus ordinaires peuvent être des personnages intéressants : votre voisin de palier peut vous étonner ». 

5. La notoriété
Si les gens ordinaires rêvaient de devenir des stars de cinéma en 1950-60, aujourd’hui, la télévision leur apparaît maintenant comme le vecteur privilégié de la promotion sociale accélérée. 

Le phénomène de La Voix est fondé sur l’exhibitionnisme (et cela même si la clé de cette émission lancée au Pays-Bas en 2010 par le conglomérat Talpa repose sur des évaluations à l'aveugle) : des gens acceptent d’être vus par des millions de téléspectateurs. Il s’agit, ne l'oublions pas, d’une génération qui a grandi dans un contexte où les principaux modèles sont ceux du vedettariat.

6. La compétition
L’émission La Voix ressemble au hockey. Les téléspectateurs prennent plaisir à la victoire de certains aux dépens de d’autres.


En écoutant parler les téléspectateurs les plus assidus, il est clair que les amateurs du genre finissent par établir des relations avec les protagonistes qui sont similaires aux affiliations que l’on constate dans le monde du sport professionnel.

Dans les faits, je rappelle que le concours de talents est aussi ancien que la télévision. Le téléspectateur ne semble pas vouloir s’en lasser. Selon les époques, ils s’appellent Star Académie, Talents Catelli ou MixMania.

7. Un sentiment d’unité
Ces émissions recréent un monde commun alors que l’on vit dans des mondes séparés. Les Québécois se sentent en communion avec les juges et les participants alors qu’en réalité, ils sont seuls à la maison.


Selon Estelle Lebel, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval, ces émissions permettent peut-être d’assouvir des besoins sociaux qui ne sont plus pris en charge par une société faite de solitude et d’individualisme.

8. Le voyeurisme
Les téléspectateurs sont invités à observer à distance les réactions psychologiques et physiques des participants. Certaines de ces émissions imposent parfois des situations humiliantes ou difficiles.


Selon le britannique John Dovey, la téléréalité est l’illustration parfaite de la « culture contemporaine du moment ». Elle est mélodramatique et exploite le misérabilisme ; c’est un théâtre des horreurs qui rend publiques les moments privés les plus intimes.

9. Un relais médias inégalé
Évidemment, la convergence des médias que l’on connaît depuis quelques années à l'échelle planétaire et qui caractérise La Voix, est un facteur qui permet de comprendre le succès de ce type d’émissions. 

La Voix fait l’objet de chroniques et de commentaires à la télévision ; les chansons et la trame sonore sont reprises à la radio ; l’émission fait l’objet de nombreux articles dans les journaux et dans les magazines dans lesquels on passe au peigne fin la vie privée des participants. En somme, la télévision mène à Internet, lequel mène aux magazines, lesquels redirigent les consommateurs vers la télévision, le CD et éventuellement les spectacles.

En multipliant les médias, on décuple habilement les effets sur les consommateurs en exploitant les forces respectives de chaque média.

10. L’interactivité
En 1999, la téléréalité change de statut et devient interactive. Le succès de La Voix s’explique donc en partie à cause de l’interactivité, en particulier, l’utilisation du deuxième écran, phénomène qui consiste à commenter sur les médias sociaux l’émission en cours (et réflexe qu'a encouragé TVA dès les premières émissions).


mercredi 21 octobre 2015

Est-ce que les prédictions de Retour vers le futur étaient bonnes?


Mercredi 21 octobre 2015, 16h29. C’est le moment choisi par Marty McFly et Doc Brown du film «Retour vers le futur 2» pour faire leur apparition dans notre présent. Comme le futur à la sauce «Retour vers le futur» c’est maintenant, retour sur les bonnes et les mauvaises prédictions de la célèbre franchise des studios Universal mettant en vedette Michael J. Fox. J’en parle avec Benoît Dutrizac du FM98,5.

samedi 28 février 2015

Décès de Leonard Nimoy, Monsieur Spock


Leonard Nimoy, l'acteur célèbre pour son rôle de Monsieur Spock dans la série Star Trek (Patrouille du cosmos, en français), est décédé à l'âge de 83 ans.

Créée par Gene Roddenberry dans les années 60, la série Star Trek a été nommée « série culte numéro 1 » de l’histoire de la télévision par le magazine américain TV Guide

Dans les faits, Star Trek (l’original) est une série télévisée en 79 épisodes de 45 minutes, diffusée entre le 8 septembre 1966 et le 3 juin 1969 sur le réseau NBC (trois saisons au total, mais sans jamais occuper le Top 30 des émissions les plus populaires). 

Dès 1970, la série Star Trek est disponible dans plus de 60 marchés sur la planète. Il faut dire que la composition de l’équipage (un Blanc, une Noire, un Russe, un Asiatique, un Britannique et un extraterrestre) facilite l'identification.

Ce Benetton avant l’heure deviendra par la suite la norme dans l'ensemble de la production télévisuelle hollywoodienne. Pensons aujourd’hui à la franchise Fast and Furious ou aux films Ocean’s 11, 12 et 13, pour n’en nommer que deux.

Au Québec, la série Star Trek sera traduite par Sonolab et diffusée à partir de 1971 à l'antenne de TVA et rediffusée sur Prise 2 quelques décennies plus tard. 

Éventuellement, sous le poids des baby-boomers qui vieillissent, la série donnera naissance à des films, des romans, des jeux vidéo, d’autres séries et de grandes rencontres – des trade shows – durant lesquelles les admirateurs de la première heure échangent des souvenirs et des produits dérivés déguisés en Spock, le Comiccon étant un exemple parmi tant d’autres de cette popularité tous azimuts. 

Dans cette entrevue réalisée avec Guy Simard du 98,5FM, je m’intéresse à la carrière de Leonard Nimoy et les origines de son personnage. 

Dans cette deuxième entrevue faite avec Benoît Dutrizac à l’occasion du passage de William Shatner à Montréal en septembre 2012, je discute en détail du phénomène Star Trek. Un pur moment de nostalgie avec en prime plusieurs anecdotes et les incontournables sons de portes coulissantes et de téléportations.

mardi 16 décembre 2014

10 meilleures entrevues marketing de 2014

Depuis plusieurs années déjà, je collabore régulièrement aux émissions de Gilles Parent, Benoît Dutrizac et Guy Simard, animateurs à l’antenne de Cogeco. Nous parlons tantôt de marketing, de publicité, de médias ou de culture populaire. 

Pour fêter comme il se doit la fin de l’année 2014, voici ce que j’appellerais mes 10 entrevues les plus populaires, amusantes et instructives de cette année : 

Je raconte les origines de la chaîne de restaurants Tim Hortons : fondation, stratégie marketing, développement à l'international, etc. 

Je raconte l'histoire de 10 logos célèbres dont ceux de Nike, Apple, Coca-Cola et Twitter à l'émission Le retour de Gilles Parent au FM93.

3. Le marketing d’Elvis ou comment le Colonel Parker a fabriqué Elvis (Guy Simard)
Il est impossible de comprendre le succès d’Elvis Presley sans jeter un coup d’oeil sur la stratégie de marketing du Colonel Tom Parker. 

À l'occasion du lancement du dernier film de la série «Planète des singes», retour sur les origines de ce phénomène et la révolution marketing qui suivra. Entrevue avec Guy Simard du FM98,5.

5. L’histoire du G.I Joe (Guy Simard)
L'histoire et les origines de cette fameuse figurine d'action : création, marketing, transformation à travers le temps, mise en marché, etc.

70e anniversaire de George Lucas - retour sur la carrière d'un homme qui a changé profondément l'industrie du cinéma.

Je raconte l'histoire de 10 pubs célèbres à l'émission Le retour de Gilles Parent au FM93.

8. Coupe du monde - Fête du football et du marketing (Dutrizac)
Tout ce qu'il faut savoir sur le marketing de la Coupe du monde 2014 : commanditaires, budgets, annonceurs, etc. 

9. Le Black Friday et la folie du magasinage (Dutrizac)
Les statistiques les plus renversantes en ce qui a trait au Black Friday et au Cyberlundi. En prime, une anecdote sur les origines du TV Dinner. 

10. Le marketing sportif de la Série mondiale du baseball (Dutrizac)
Marketing de la série mondiale : coût de la pub, cote d'écoute, comparaison MLB/NFL, etc. Mon entrevue avec @Dutrizac.


lundi 17 novembre 2014

Groupe TVA acquiert 15 magazines de TC Transcontinental



Groupe TVA, filiale de Québecor Média, fait l’acquisition aujourd’hui de 15 magazines de TC Transcontinental, pour une somme en espèces de 55,5 M$.

À la clôture de cette transaction, Groupe TVA deviendra ainsi le propriétaire exclusif de 11 des titres acquis, soit Coup de pouce, Canadian Living, Véro Magazine, Décormag, Style at Home, Fleurs Plantes Jardins, Canadian Gardening, Québec Vert, The Hockey News, MaisonNeuves.com, Condo Maison Direct et les sites Internet recettes.qc.ca, Quoi manger et On the table.

Groupe TVA détiendra également une participation effective de 51 % dans l’entreprise Les Publications Transcontinental-Hearst inc., qui exploite les magazines Elle Canada et Elle Québec en partenariat avec Groupe Hearst qui en détient 49 % des parts.

De plus, Groupe TVA et Groupe Bayard détiendront mutuellement 50 % des parts des Publications Senior inc., qui publient les magazines Le Bel Âge et Good Times.

Groupe TVA, filiale de Québecor Média, est une entreprise de communication intégrée active dans la création, la production, la diffusion et la distribution de produits audiovisuels ainsi que dans l’édition de magazines.

Groupe TVA est la plus importante entreprise de diffusion d’émissions de divertissement, d’information et d’affaires publiques et d’édition de magazines de langue française en Amérique du Nord et une des plus grandes entreprises privées de production. 

Cette transaction est sujette à l’approbation du Bureau de la concurrence. 

Rappellons qu'il y a quelques mois, c'est Transcontinental qui achetait 74 journaux hebdomadaires québécois de Sun Media, une filiale de Québecor.

samedi 16 août 2014

Comment le Colonel Parker a vendu Elvis Presley


Le Colonel Tom Parker a fait d’Elvis Presley, dont on commémore aujourd'hui le décès, une star mondiale en l’espace de quelques années.

Sur le plan du marketing et de l’image, le Colonel Parker a fait preuve d’une efficacité redoutable dans la promotion des disques et des produits dérivés à l’image du King.

Il est impossible de comprendre le succès d’Elvis Presley sans jeter un coup d’oeil sur la stratégie de marketing du Colonel Tom Parker.

Voici donc comment l’homme qui gérait la carrière du King a révolutionné la façon de mettre en marché les stars de la musique :

1. Choisir le bon produit
En janvier 1955, le Colonel Parker (de son vrai nom Andrea Cornelis van Kuik) entre en contact pour la première fois avec Elvis Presley. 

Au vu des réactions des spectatrices, Parker signe un contrat avec Elvis et se retrouve éventuellement comme le seul responsable de la carrière du chanteur. Il dira plus tard qu’Elvis était un mélange de Marlon Brando et de James Dean. 

Mais attention : le Colonel Parker ne s’intéresse pas à Elvis pour les paroles de ses chansons « I Want You, I Need You, I Love You ». Il s’intéresse à son extraordinaire potentiel commercial.

D’ailleurs, Joan Deary de la maison de disque RCA se plaira à répéter que le Colonel était sourd, donc incapable d’apprécier les talents artistiques du King.

2. Peaufiner l’image de la star et du manager dans les moindres détails
En 1958, au faîte de sa carrière, Elvis est contacté par l’armée pour qu’il fasse son service militaire et donne des concerts gratuits pour stimuler les troupes américaines à l’étranger. 

Sans surprise, ce développement ne plaît aucunement au Colonel Parker. Mais rapidement, Parker comprend qu’Elvis n’a pas le choix. C’est une question d’image. Elvis ne doit pas recevoir de traitement de faveur.

Contre mauvaise fortune bon cœur, Parker persuade Elvis d’effectuer son service militaire comme tout le monde afin d’éviter d’alimenter le mécontentement des vétérans, des familles de militaires, des sénateurs, des politiciens et ultimement, des fans du King du rock and roll.

C’est dans cet esprit qu’Elvis se fera couper les cheveux devant les caméras – un événement médiatique à l’époque ! Ce faisant, Elvis se défait graduellement de son image de mauvais garçon des années 1955-1956 attribuable à son célèbre déhanchement suggestif, ses habitudes vestimentaires et ses problèmes avec la police.

Il devient lentement un pur symbole de l’Amérique et une icone de la culture populaire – un symbole alimenté par les futurs rôles qu’Elvis tiendra au cinéma et pour son amour pour sa mère.

Parker est également convaincu qu’Elvis doit prendre une pause dans sa carrière, ce dernier prenant dangereusement goût à la célébrité et aux excès qui l’accompagne.

Lorsque le King débute son service militaire, le Colonel ne permet pas à Anita Wood, sa copine de l’époque, de l’accompagner en Allemagne, jugeant que la présence de celle-ci pourrait avoir des effets néfastes sur la popularité de son « poulain ».

Quand Elvis, 28 ans, tombe en amour avec une certaine Priscilla, 14 ans, pendant son séjour dans l’armée américaine, le Colonel Parker comprend les dangers qui guettent la star.

Après tout, le Colonel sait que quelques années auparavant, Jerry Lee Lewis a saboté sa carrière en tombant en amour avec une cousine mineure.

Lors du mariage du King, c’est d’ailleurs le Colonel qui veillera à chaque détail : bague, célébrant, invités, salle, etc.

Ajoutons que les contrats avec les studios d’Hollywood impliquant Elvis contiennent des clauses « morales » et que le Colonel craint, plus que tout, les poursuites pour paternité.

En visionnant le film Viva Las Vegas dans lequel Elvis tient le rôle principal avec Ann-Margret, le Colonel constate à quel point l’actrice aux cheveux teint en roux crève l’écran et vole la vedette à Elvis.

Conscient de la couverture média qui s’en suivra, Parker fait des pressions auprès de MGM pour que le studio d’Hollywood maximise l’effet Elvis dans les publicités et dans le montage du film. Ainsi, sur les trois duos enregistrés lors du tournage du film, un seul apparaît dans la version finale de Viva Las Vegas et aucune de ces chansons ne deviendra un single avant la mort du King.

En préparation du tournage de Blue Hawaii, Parker convainc Elvis de se remettre en forme, car se dernier a pris plusieurs kilos, résultat de ses mauvaises habitudes alimentaires et de sa consommation abusive de médicaments.

Pire encore, quand débute le tournage de Clambake, son 25e film, le réalisateur constate qu’Elvis pèse plus de 200 livres, 30 de plus que lors de son film précédent !

À l’époque où le Colonel Parker se cherche un nouveau chanteur pour son écurie, il offre ses services à Jimmy Davis, qui est chanteur de country mais aussi candidat au poste de gouverneur de Louisiane.

Quand Davis est élu, il décerne à Tom Parker le titre honorifique de « Colonel ». Par la suite, Parker se fera un devoir d’utiliser toute sa vie le titre de Colonel en rappelant que pour réussir en affaires, « il est essentiel de connaître les personnes d’influence ».

3. Briser les conventions
C’est en 1939 que Tom Parker devient pour la première fois manager de Gene Austin, un chanteur country. Quelques années plus tard, il devient le gérant d’un autre artiste du country, Eddy Arnold, pour lequel il innove en initiant la vente de produits dérivés avant les spectacles.

Dès octobre 1955, Parker qui agit alors comme « conseiller spécial » d’Elvis, négocie un contrat d’enregistrement pour Elvis chez RCA.

En 1956, Colonel Parker brise à nouveau les conventions. Alors que d’ordinaire, les directeurs artistiques d’une maison de disque choisissent les chansons que leurs poulains vont interpréter, Parker insiste pour qu’Elvis puisse sélectionner son propre répertoire. RCA finit par céder.

Parker innove aussi sur le plan du partage des revenus : initialement, il prend 25 % de la cagnotte d’Elvis en plus des frais de représentation – hôtels, restaurants, déplacements, etc. Pour les spectacles, c’est un tiers pour lui et deux tiers pour Elvis.

Le Colonel Parker exigera éventuellement 50 % des revenus de la vente de disques plutôt que les 10 % habituels. C’est sans compter l’argent liquide que le Colonel va collecter directement des promoteurs et dont Elvis ne verra jamais la couleur.

Le Colonel Parker va aussi insister auprès des promoteurs pour recevoir entre 50 et 60 % de l’argent des ventes de billets à l’avance. Il ira jusqu’à demander des garanties financières au moment de la signature des contrats.

4. Prendre des risques
Lorsqu’un promoteur apostrophe le Colonel Parker pour essayer de comprendre pourquoi Elvis donne des spectacles dans des villes comme Monroe (Lousiane) et Greensboro (Caroline du Nord), le célèbre gérant d’artiste (on dirait aujourd'hui imprésario) répondra : « précisément parce que personne d’autre n’y pense ! »

À l’été 1972, le Colonel plutôt frileux à l’idée de faire chanter Elvis à New York, prend une chance et réserve trois dates consécutives au Madison Square Garden, une première pour l’époque. Fort du succès en prévente, une 4e date est ajoutée, un exploit unique dans les années 70.  

En 1956, le Colonel Parker accepte 40 000 $ d’Hank Saperstein pour faire d’Elvis une marque qui apparaîtra désormais sur plus de 68 produits, dont une poupée, une marque de rouge à lèvres, un bracelet, etc. À la fin de 1956, l’entente a déjà généré des revenus de 22 millions $.

Signe que rien ne l’arrête dans sa quête du profit, Parker met en vente sur le marché des macarons sur lesquels on peut lire « I Hate Elvis » (je déteste Elvis, en français), histoire de faire des sous avec les fans comme avec les haters…

5. Opérer un contrôle total sur la communication
Le Colonel Parker impose des conditions sévères aux gens qui entreront en contact avec Elvis en plus de veiller personnellement à la publicité, aux commanditaires, au calendrier médias et à la conception des affiches du King.

Le Colonel opère un contrôle drastique sur le chanteur, refusant la plupart des demandes d’interviews, dans les magazines comme à la télévision.

Dans le même sens, le Colonel Parker interdit toute communication directe entre les médias et Elvis Presley.

Lors des diverses communications de la star, Parker prendra soin de signer personnellement chaque échange, allant jusqu’à co-signer les cartes de Noël du King. Après les spectacles, il exercera même un certain contrôle sur la prise de photos des fans, craignant qu’Elvis soit associé par la bande à un voyou.

En exerçant ce contrôle, spécialement au moment du service militaire d’Elvis et son séjour en Europe, Parker fut à même de construire plus facilement le « Mythe Elvis » : celui d’un homme innocent, romantique et mystérieux, en amour avec sa maman et ses fans.

Lorsque la popularité du King connaîtra un sursaut après le retour d’Elvis sur scène aux États-Unis, il ira même jusqu’à annoncer à Kay Wheeler, responsable de la gestion du fan club du King, que dorénavant c’est le Colonel qui s’occupera du fan club et que celui-ci sera payant.  

C’est sur ce plan que le Colonel Parker se démarque le plus de ses collègues de l’époque qui se contentaient le plus souvent de réserver des dates de concerts pour leurs poulains. 

Et Parker n’en manque pas une. Lors de son passage à NBC en 1968, une clause particulière permet à Parker d’utiliser la bande-son de l’émission pour en faire un album.

Lors du passage du magazine Life en Allemagne, il exigera d’ailleurs la coquette somme de 25 000 $ pour laisser le photographe prendre quelques croquis du King devant des baraques militaires.

Pourtant, en avril 1956, Parker commet un rare impair lorsqu’il signe Elvis pour une série de spectacles à Las Vegas. Le Colonel dira plus tard qu’il a fait une erreur de public cible ; les fans d’Elvis sont plus jeunes que les amateurs qui peuplaient les salles de spectacles de Las Vegas dans les années cinquante.

6. Maintenir la cadence
Pendant l’absence d’Elvis en Amérique du Nord, Parker ne se contente pas de gérer les petites amies du chanteur. Il comprend aussi qu’il doit alimenter virtuellement ses fans en musique s’il ne veut pas perdre leur attention. Car rien n’est plus infidèle musicalement qu’une jeune adolescente.

Pour cette raison, le Colonel Parker va sortir régulièrement des singles enregistrés avant le départ du King pour l’Allemagne, une idée de génie pour l’époque. Cela lui permet de combler le vide laissé par l’absence du King.

Évidemment, Elvis craint que les jeunes filles passent à autre chose pendant son absence de deux ans de la scène musicale. Mais à son retour au petit écran le 12 mai 1960, dans une émission animée par Frank Sinatra, le King comprend que la magie opère toujours et que la stratégie de communication du Colonel Parker a fonctionné.

Mieux encore, durant son absence pour cause de service militaire, le Colonel Parker génère 3 millions $ en revenus  promotionnels seulement, une industrie naissante à la fin des années cinquante. En outre, ces revenus pour tourner dans des films passent de 200 000 $ à 300 000 $.

7. Multiplier les plateformes de visibilité
Durant sa carrière, Presley tourne dans 31 films, autant de plateformes et de prétextes à danser et chanter la pomme à de jolies filles, dont Ann Margret. Dans certains cas, le tournage de ses films ne prend pas plus de 32 jours !

Pour le Colonel Parker, ces films permettent de vendre des disques et des billets de concert et de garantir la visibilité du King à l’extérieur de l’Amérique sans avoir à se déplacer.

Avant son temps, Parker comprend que la bande-son du film contribuera à vendre des albums et des microsillons. Pour cette raison, chaque film devra compter au moins quatre chansons d’Elvis, idéalement cinq ou plus.

Lors de son premier film, Elvis reçoit 15 000 $, puis 20 000 $ pour le second, 25 000 $ pour le troisième et jusqu’à 100 000 $ pour le septième. Parker signera par la suite des ententes avec Mirisch Brothers, MGM et United Artists à hauteur de 500 000 $ par film.

Chose étonnante considérant l’omniprésence de Parker dans la vie d’Elvis, le Colonel ne tient pas à opérer un droit de regard sur les scénarios de films ou le choix du directeur. De son côté, Elvis est furieux de jouer dans des films aussi médiocres.

On sait aujourd’hui que Parker ne croyait pas au talent de comédien d’Elvis, même si ce dernier, pour le convaincre, se plaira à réciter des scènes entières du film Rebel Without a Cause durant leurs interminables déplacement aux États-Unis dans son autobus de tournées.

Cela n’empêchera pas Elvis de devenir éventuellement le comédien le mieux payé d’Hollywood, un exploit remarquable considérant la qualité des films dans lesquels Elvis joue le rôle du tombeur incompris ! Mais l’acharnement du Colonel à tourner des films de séries B finira par coûter très cher à Elvis.

Ceci dit, quoiqu’on pense des films d’Elvis et de la stratégie du Colonel Parker, Hollywood a permis à Elvis de faire des tonnes de $$$ à une époque où les ventes de disques se font plus difficiles pour la star, spécialement dans le contexte des rassemblements peace and love, l’arrivée des Beatles et des Rolling Stones ainsi que l’époque psychédélique qui s’en suivit.

Car Elvis n’arrivera jamais tout à fait à s’adapter à la nouvelle culture musicale des années 60, bien que son spécial « ELVIS » organisé par Steve Binder donnera à NBC sa meilleure cote d’écoute en 1968.

Par la bande, le succès de visionnement de ce spécial TV (une rare émission mettant en vedette Elvis à la télévision) permet à Elvis de signer à Las Vegas un lucratif contrat avec l’Hôtel International du magnat Kirk Kerkorian : deux spectacles par soir, sept soirs par semaine, pour quatre semaines, une cadence infernale à l’époque.

Pour frapper l’imaginaire des fans d’Elvis et porter un grand coup dans les médias, Parker organisera une campagne de publicité monstre – chaque panneau-affiche de Las Vegas fait la promotion du spectacle à venir – et il diffuse une photo de la star signant son contrat devant l’Hôtel International en construction.

Une comédie montée de toutes pièces pour mousser les revenus générés par la tournée de spectacles et qui permit à l’hôtel de doubler ses revenus de ventes de billets, de restaurants et de jeux.

8. Innover sur le plan de l’utilisation des médias
En 1960, lors de son retour aux États-Unis et en 1968, lorsque le contrat avec la MGM est terminé, Parker rebondit en organisant les come-back d’Elvis, d’abord à la télévision puis sur scène.

Sur ce plan, Parker invente les retrouvailles télévisées (son spécial «Welcome Home Elvis » commandité par Timex avec Frank Sinatra en 1960 et « ELVIS » commandité par Singer en 1968), les retransmissions satellites à l’échelle planétaire (« Aloha from Hawaii » en 1973) et le docu-concert (Elvis : That’s the Way ItIs) présenté à l’origine dans les cinémas en 1970.

En janvier 1973, le spectacle Aloha from Hawaii, présenté à Honolulu, rejoint 1.4 milliard de téléspectateurs dans 54 pays.

Ce spectacle est le dernier grand moment d’Elvis, sa dernière apparition en tant que superstar. L’album qui en découlera fera le Billboard durant 35 semaines en plus d’occuper la première position du Billboard pendant quelques semaines, une première pour Elvis en 9 ans.

Plus que tout et à l’instar de ces films, cette retransmission à l’échelle planétaire permet à Elvis de voyager à l’extérieur des États-Unis sans être contraint de quitter le pays.

9. Faire attention à la surexposition
Selon le Colonel Tom Parker, il faut en donner juste assez pour stimuler l’appétit des fans et alimenter leur imagination. Dans cet esprit, il faut savoir miser sur quelques émissions de télévision clé. 

Et la stratégie porte fruit : lors de son premier passage au Ed Sullivan Show de la CBS le 9 septembre 1956, 82 % des foyers américains avec un téléviseur ouvert syntonisent la prestation du King. Lors de son deuxième passage au Ed Sullivan Show, question d’image, il teint ses cheveux en noir.

Parker justifiera plus tard sa stratégie de visibilité en expliquant qu’il a observé que le fait d’apparaître à la télévision dans des talk-shows était le plus souvent néfaste pour la carrière des artistes, un constat qu’il fera à nouveau en août 1987 lors d’une entrevue à l’émission Nightline avec Ted Koppel. 

En réalité, comme je le mentionne dans ces entrevues avec Guy Simard du 98,5FM et Ray Cloutier du FM93, Parker craint la surexposition du King dans les médias. « S’ils peuvent voir Elvis gratuitement, il ne paieront plus pour le voir en spectacle ou au cinéma ».

C’est le même raisonnement qui amènera le Colonel à contacter personnellement les producteurs des films d’Elvis chaque fois qu’un film sera diffusé « gratuitement » à la télévision traditionnelle.

10. Planifier « l’après-carrière »
À sa mort, Elvis laisse derrière lui une fortune estimée à 150 millions de dollars. Mais très vite, Parker comprend l’extraordinaire potentiel du King sur le plan commercial bien que celui-ci soit décédé.

Après avoir annulé la tournée du King et contacté le père d’Elvis, le Colonel se rend directement à New York pour rencontrer la direction de RCA car il anticipe des ventes records d’albums dans les jours qui vont suivre le décès du King. Parker veut s’assurer que RCA va alimenter chaque magasin de disques à travers le pays.

Dans un deuxième temps, Parker rencontre Harry « the Bear » Geisler, un jeune homme de 48 ans qui est devenu millionnaire du jour au lendemain en vendant des affiches et des t-shirts de Farrah Fawcett au début 1977. Son entreprise, Factors ETC Inc., détient les droits de la célèbre photo de Fawcett ainsi que sur des produits liés aux films Star Wars et Rocky.

Le Colonel veut s’assurer de maximiser les revenus du King « après » sa mort et signer une entente du type Farrah Fawcett. À un journaliste qui l’interroge sur la fin du King, il dira le plus sérieusement du monde : « Elvis n’est pas mort. Son corps l’est mais cela ne signifie rien. Cela ne change rien ».

Sur ce plan, l’industrie de la musique et du spectacle doit une fière chandelle au Colonel Parker, l’inventeur à plusieurs égards de « l’image du défunt». En 1979, le Colonel a déjà négocié plus de 160 ententes pour lequelles il reçoit 50 % des profits.

Comme je le mentionne dans un autre billet consacré aux vedettes décédées de la musique, du sport et du cinéma et dans cette entrevue radio, Elvis reste encore aujourd’hui, une superstar, un artiste qui rapporte plus mort que vivant.

Ce qui faisait dire à Parker, interviewé en 1968 par le journaliste Chris Hutchins : « C’est vrai, je demande 50 % des revenus du King. Mais attendez, j’y pense, ce n’est pas vrai. C’est Elvis qui prend 50 % de chaque sou que je gagne. »

En 1982, après un long procès, le Colonel est condamné à remettre les enregistrements des 350 concerts du King, les films et les émissions de télévision en échange de 2 millions $ par an, un chèque de 225 000 $ des héritiers du King et des paiements mensuels de 40 000 $ jusqu’en 1987.

C’était sans compter sur la petite surprise que réservait le Colonel aux survivants du King.

Quelques jours après avoir signé le contrat qui le séparait définitivement du King, le Colonel Parker entre en contact avec les gestionnaires du chanteur décédé afin de leur mentionner qu’il a toujours en sa possession des objets du King (35 tonnes de matériels dans les faits) et qu’il compte en faire un musée afin de compétitionner Graceland : contrats, photographies, télégrammes, lettres, œuvres d’art, vêtements, etc.

Au moment de prendre possession des droits sur l’image d’Elvis en 1983, la succession du King, avec à sa tête Priscilla Presley dans le rôle de la gestionnaire en chef (en attendant la majorité de Lisa Marie Presley), prépare la stratégie post-Elvis en s’inspirant fortement du Colonel.

Graceland devient la plaque tournante du plan marketing de la succession Presley. De nos jours, seule la Maison-Blanche attire davantage de touristes annuellement aux États-Unis.

Au final, Elvis Presley est avec les Beatles, l’un des premiers artistes à utiliser le marketing pour positionner et mener de front une carrière musicale dans les années 60. 

Le King aura donné plus de 1156 concerts aux États-Unis, 3 au Canada (Vancouver, Toronto et Ottawa - il devait faire un spectacle à Montréal mais le Cardinal Léger a fait des pressions pour annuler le show du King) et 525 spectacles à Las Vegas.

Il a aussi tourné dans 31 films, remporté trois Grammys et vendu 600 millions d’albums à travers le monde (certaines années 50 % de toutes les ventes d’albums de RCA).

À bien des égards, le Colonel Parker a été le premier gérant à construire l’image d’un chanteur dans les moindres détails, une approche qui a inspiré assurément plusieurs gérants par la suite dont René Angélil, agent artistique de Céline Dion et grand fan du Colonel Parker